Sur bien des sujets, les catholiques attendent du pape qu’il clarifie certains flous. Si ces troubles ont pu donner lieu à des dubia, des frictions et des inquiétudes, on ne peut pas dire que le Souverain Pontife pratique la langue jésuite sur les questions de la vie. Les migrants, les divorcés remariés, les réformes de la Curie ont sans doute masqué un combat majeur du pontificat sur lequel le pape François a toujours été clair et sans compromis : la vie est don qui se reçoit et doit être protégé. Toutes ses interventions sur le sujet (et elles ont été nombreuses) n’ont jamais tergiversé. Mais elles étaient peu audibles car la presse qui pensait avoir trouvé un pape de gauche, un pape des pauvres, taisait soigneusement cette partie gênante pour la construction médiatique qu’ils voulaient donner à voir au monde. Mais depuis quelques temps, l’image fabriquée s’effrite et la lune de miel s’estompe. Si la presse internationale a peu parlé de l’affaire Mac Carrick, cherchant surtout à minimiser la portée des révélations, c’est surtout parce qu’elle gênait leur propre ligne de front. En effet l’ancien cardinal avait des problèmes plus liés aux déviances de comportements homosexuels qu’à de la pédophilie. Alors, silence media, non pour protéger le pape fabriqué, mais pour éviter de gratter un peu trop dans leur propre direction. Mais la sortie sur l’aide psychiatrique aux personnes homosexuelles et les coups répétés portés contre l’avortement dépassent les bornes du supportable pour la doxa ambiante.
Enfin, haut et fort, nous entendons encore dans la suite des papes, un chat appelé un chat : avorter c’est tuer pour régler un problème personnel. L’expression tueur à gages, violente s’il en est, semble pourtant des plus appropriée. Et à redonner cette vérité au monde, au risque de « s’effondrer dans les sondages », pourrait bien ébranler l’image d’un pape cherchant la popularité des médias.
Mais que vont penser de lui ses nombreux soutiens favorables aux migrants, à la communion aux divorcés remariés et… à l’avortement ? Au fond, au-delà de la vie et du meurtre, l’avortement pose la question plus fondamentale encore du rapport de la créature au Créateur. Un rapport de dépendance inévitable contre lequel l’orgueil humain se rebiffe comme un cheval contre son mors.