La fin de l’été a vu s’abattre, sur le Vatican, un véritable ouragan transformant ce qu’il est convenu d’appeler « l’affaire McCarrick », en un tsunami catholique. L’affaire en elle-même est odieuse et ne mériterait pas d’autres commentaires qu’une condamnation unanime. Mais le torrent d’encre qu’elle a déclenché en révèle l’extrême complexité. La pédophilie dans l’Eglise, pardon si je choque, mais, nous finissons par être « habitués ». Encore une, dans ce long écoulement du pot de pus qui n’en finit pas de souiller la pureté du corps du Christ. Alors pourquoi tant de bruit dans Landerneau catholique ? Avez-vous remarqué l’assourdissant silence de la presse « profane » ? Excepté aux Etats-Unis, premiers concernés, les médias non catholiques n’en ont presque pas parlé et n’en parlent plus depuis déjà longtemps. C’est que cette affaire est finalement aussi gênante pour le monde que pour l’Eglise, quoique pour des raisons bien différentes. D’une part, à l’heure où l’on tente de rendre légale la pédophilie, il devient difficile de mettre les pédophiles au pilori, fusse pour salir l’Eglise. D’autre part, dans ce macabre réseau organisé, l’âge des victimes est plus majoritairement celui d’Ephèbes, c’est-à-dire que l’affaire relève davantage de l’homosexualité que de la pédophilie. Les récents écarts de langage du Saint-Père, sur la question, montrent que nous touchons là à l’intouchable. Double voile pudique des médias qui préfèrent ne pas soulever l’insoulevable.
Alors pourquoi la presse catholique s’est-elle emparée et parfois avec passion de ce sujet qui semble faire à l’Eglise plus de mal que de bien ? Tout d’abord, la pédophilie, chez les catholiques ne passent pas aussi bien que pour l’élite mondiale actuelle. Ensuite, l’organisation d’un réseau au plus haut niveau de l’intouchable cité du Vatican a profondément bouleversé l’esprit candide (naïf ?) des fidèles qui imaginaient les Etats pontificaux, comme le Saint des Saints, où certes, il y avait bien quelques luttes de pouvoir mais guère plus. Pourtant… Pourtant, qui approchait des remparts de la vieille cité ne pouvait qu’entendre les effluves de perversions sexuelles. Qui a séjourné à Rome et seulement traversé les couloirs vanticanesques « percevait sans savoir ». Ce n’est pas la première affaire du genre qui éclate. Nous avions, l’an dernier, relayé les orgies organisées par certains prélats. Fallait-il révéler tout cela ? La presse catholique doit-elle s’attarder ou « cacher ce malsain qu’elle saurait voir » ? La question s’est posée à la rédaction d’InfoCatho, avec tout le malaise du porte-à-faux. Nous avions depuis longtemps des informations, mais sans moyen d’enquête nous avons attendu que de plus gros médias s’assurent des faits. Tout comme nous avons d’autres informations sur ce thème ou sur l’état d’esprit à la Curie, nous préférons qu’ils soient confirmés par des experts qui ont des moyens que nous n’avons pas.
Mais l’Affaire McCarrick est sans doute, surtout, la soupape de décompression de cinq années de malaise dans l’Eglise. Les pros et les antis pape François qui se déchirent en sous-main depuis des années trouvent là, indépendamment des faits eux-mêmes, un moyen de manifester leur mécontentement pour beaucoup, tandis qu’en face on tente de préserver le successeur de Pierre. Alors la question fuse : faut-il relayer ces divisions ? Ne faut-il pas préserver le pape, épargner l’Eglise ? Il y a un immense malaise dans l’Eglise, tant autour des questions sexuelles que de la personne du pape François. L’avoir nié a probablement contribué à l’état actuel de pourrissement d’une situation délétère fort laide. Un assainissement de l’Eglise est nécessaire. Or celui-ci ne peut passer que par la vérité. Les faits sont les faits et nous avons choisi de les relayer tant en raison de leur gravité que de tout ce qu’ils engagent dans l’Eglise. Un pape peut faillir et malgré les canonisations quasi systématiques depuis Vatican II, l’histoire nous rappelle que tous les papes ne sont pas saints, ni sains. La papolâtre, qu’elle soit envers saint Jean-Paul II ou le pape François sont des excès parfois aveuglants. La curie est composée d’hommes dévoués, mais aussi blessés. La gestion de la sexualité, dans les années 60-90, par l’Eglise a été une catastrophe liée en partie à une conception relativiste de la foi, de la chair et du péché. Les situations engendrées par des décennies de gangrène éclatent au grand jour et que la vérité vienne à la lumière ne peut, quelle que soit la douleur, qu’être bénéfique pour que l’Eglise se purifie, que les fidèles purifient aussi leur regard sur l’Eglise et qu’enfin l’Eglise puisse à nouveau rayonner de la splendeur de la vérité.