Un sondage de l’Institut catholique de Paris évoque, assez triomphalement, qu’en France, 26 % des jeunes se disent chrétiens. A l’heure où j’écris cet édito, je n’ai pas eu accès aux chiffres eux-mêmes et l’article d’Aleteia qui les relaie n’est pas très compréhensible. Le chiffre de 26% est tantôt affecté aux chrétiens tantôt aux catholiques, de sorte qu’il est difficile de tirer de vraies conclusions de cet amalgame. Nous avons publié cette même semaine un article expliquant que le nombre des chrétiens évangéliques avait considérablement augmenté en France ces dernières années du fait de l’augmentation de la population d’origine africaine. Quoiqu’il en soit ce chiffre reste une bonne nouvelle car dans un pays qu’on croyait déchristianisé, penser qu’un quart de la population jeune se revendique chrétienne est d’autant plus porteur d’espérance que c’est pour eux un choix affirmé et bien ancré. Si l’article que nous citons ne précise pas ce que sont ces jeunes, on sait que peu d’entre eux reviennent sur leur choix une fois convertis. Les jeunes catholiques s’assument et n’ont plus peur, contrairement à leurs aînés, de brandir fièrement leur appartenance au Christ et à l’Eglise. Il faut dire aussi, qu’à la différence des générations issues de 68, leurs camarades sont plus « tolérants » et être catholiques est finalement une liberté comme une autre. Le « cool » et « y a pas de souci » des jeunes a ce mérite de les laisser libres entre jeunes. Il n’en va sans doute pas de même avec le monde des adultes. L’éducation nationale est intransigeante, nous le savons, et il faut aux jeunes se défendre et avoir bien du cran, face à leurs enseignants et autres éducateurs.
Le plus difficile, pour eux, est peut-être de grandir dans l’Eglise. C’est en tout cas ainsi que l’Institut Catholique présente le sondage. L’Eglise aurait manqué le coche en parlant aux jeunes comme à leurs aînés. Personnellement j’en doute. L’Eglise de France oui assurément, mais pas partout. Les communautés et certains diocèses sont de véritables pots à miel pour les jeunes. Alors, l’idée est de laisser les jeunes « sujets » de l’action de l’Eglise et non « objets ». Certes, pourquoi pas, mais si nous regardions la relation des jeunes à saint Jean-Paul II et à Benoît XVI et la fascination qu’ils ont exercé, précisément, sur cette génération décomplexée et fière, socle de l’Eglise actuelle, n’y trouverions-nous pas une source d’inspiration bien plus féconde que d’aller réinventer une eau tiède qui n’en finit pas de croupir ?
Cyril Brun, rédacteur en chef