Les diocèses de France ont déjà lancé leur campagne du denier 2018, après les lanternes rouges allumées tout au long de 2017. Certains diocèses appellent même à transformer le don de carême en denier, c’est dire s’ils sont aux abois. Nous le savons, le denier est vital pour l’Eglise. Mais de nombreux facteurs tendent à le réduire à l’état de peau de chagrin. Les jeunes sont moins habitués à donner, les générations qui donnaient disparaissent petit à petit ou sont ruinées par les nouvelles pressions fiscales, sans compter les boycotts qui s’organisent. A cela ajoutons des gestions indélicates, des comptes flous, des ponctions discutées de la part de la CEF et des redistributions contestées. Voilà de quoi décourager les donateurs qu’ils soient réguliers ou non. La remise en cause des séminaires dans de petits diocèses pour des questions budgétaires, alors que des mouvements assez peu catholiques sont financés par le denier, les salaires de laïcs pas toujours fidèles à la foi de l’Eglise, ont entraîné, depuis quelques mois, une grogne de la part des fidèles quant à l’usage des fonds qu’ils versent à l’Eglise. Beaucoup préfèrent donner directement à leur curé ou à des œuvres, se défiant de la pieuvre diocésaine, voire se méfiant de la nébuleuse méconnue de la CEF.
L’affaire du MRJC a déclenché un véritable tollé parmi les fidèles qui ne veulent plus que leurs dons financent ce type de mouvements. Et voici le denier 2018 sous pression. Menaces de boycott, demandes de dons orientés, demandes de publication des comptes et de clarifications des données financières des diocèses et de la CEF d’un côté et noyade financière de l’autre. Si un bras de fer s’est lancé entre certains évêques et quelques mouvements peu conformes à la foi catholiques, il semble que 2018 voient aussi un nouveau bras de fer entre certains fidèles et les évêques. Il semble même que l’argent soit le dernier moyen dont dispose les fidèles pour se faire entendre. N’y a-t-il pas là un nœud démoniaque ? Des fidèles font pression sur les pasteurs pour qu’ils tiennent une ligne catholique ? Mais qui décide de la ligne catholique et comment l’argent peut-il ébranler des évêques ? Il est déroutant de constater que l’Eglise soit tenue en laisse pour des questions d’argent et que cette laisse soit la forme que prend aujourd’hui le dialogue entre les pasteurs et leurs fidèles. Qu’on soit pour ou contre, de gauche ou de droite, peu importe, ce simple fait, qu’il fasse pencher la balance dans un camp ou l’autre, est, en soi un signe de très mauvaise santé de l’Eglise en France, malgré tous les renouveaux que nous pouvons constater.
Cyril Brun, rédacteur en chef