Le 14 juillet 2015, une vidéo filmée par des enquêteurs du Center for Medical Progress (CMP), une association de journalistes américains, a été publiée, faisant rapidement naître un scandale monstrueux (cf. Planning familial américain : une nouvelle vidéo-choc alimente le malaise). Car dans cette vidéo, filmée en caméra cachée lors d’un repas d’affaire, Deborah Nucatola, directrice des services médicaux du planning familial, détaille la « revente de ‘pièces’ d’embryons humains » à laquelle se livre le Planned Parenthood. Cette vidéo a ainsi levé le voile sur un trafic d’organes de fœtus issus d’avortements tardifs (cf. Planning familial américain : avortements par naissance partielle, levée de voile sur un trafic d’organes de fœtus).
La loi américaine est pourtant très claire : il est illégal de tirer profit des parties du corps des fœtus ou des parties du corps de tout être humain. Pourtant, en janvier 2016, les deux enquêteurs du CMP à l’origine de la vidéo, David Daleiden et Sandra Merritt, ont été inculpés par un jury populaire du Texas « qui se prononçait sur une vente supposée de tissus de fœtus par un planning familial ». Le jury a accusé les deux journalistes « d’avoir falsifié un dossier du gouvernement », et a « conclu que le planning familial n’avait violé aucune loi » (cf. Texas : des journalistes condamnés suite à la diffusion des vidéos du planning familial américain).
Plus d’un an après, le Comité de la magistrature du Sénat américain publie un rapport de 500 pages sur la vente de fœtus avortés. Le Comité précise que, bien qu’il ait été incité à agir à la suite du scandale de la vidéo, son enquête a été « indépendamment menée ». Le Comité dit s’être appuyé « exclusivement sur des documents obtenus sous citation à comparaître du Planning familial américain et des entreprises acheteuses » de tissus humains (cf. Le Planning Familial : Une entreprise au cœur de la vente d’organes d’enfants avortés).
Le rapport du Comité de la magistrature du Sénat dépeint d’abord un monde à part, où rien n’est gaspillé. Ainsi, en faisant correspondre documents internes, contrats et factures, le Comité a constaté combien le trafic d’organes de fœtus était lucratif. Par exemple, en juin 2014, un ‘technicien’ d’Advanced Bioscience Resources (ABR), une compagnie intermédiaire faisant le lien entre le Planning familial et ses clients, a organisé la vente d’un fœtus de 20 semaines. Il a vendu son cerveau à un premier client, pour 325 $, ses deux yeux pour 325 $ chacun (soit 650 $ au total) à un deuxième client, une partie de son foie pour 325 $ à un troisième client, son thymus, une autre portion de foie à un quatrième client, pour 325 $, enfin, il a vendu son poumon pour $ 325 à un cinquième client. Le Comité précise que ces frais ne sont que les « frais de service pour les parties elles-mêmes », car ABR facturait séparément les frais annexes à chaque client, soit, selon le cas, le dépistage de la maladie du fœtus, le nettoyage et le gel, ainsi que l’expédition. Ainsi, ABR aura déboursé« seulement 60 $ » pour ce fœtus de 20 semaines et l’aura revendu pour un total de 2 275$, hors frais annexes !
En outre, le Comité précise dans son rapport que la vente des fœtus porteurs de handicaps est traitée dans le même circuit commercial. Il ajoute que ces fœtus pourraient même être « plus précieux » dans certains cas. Les factures d’ABR montrent que les mêmes tarifs ont été appliqués pour les éléments du corps d’un fœtus de 21 semaines atteint de trisomie 21 : un acheteur a versé 325 $ pour une jambe et 325 $ de plus pour la peau du bébé à naître.
Le rapport dépeint également l’« efficacité » de la compagnie intermédiaire, qui réussit à vendre plusieurs fœtus en une matinée. Selon les documents internes d’ABR, un « technicien » en a même vendu quatre pour 6 825 $ ; le rapport précise que le client acheteur de ces 4 fœtus a réussi à obtenir des coûts d’expéditions moindres en demandant un envoi « pièces par pièces ». Car l’envoi d’un cerveau d’un fœtus avorté coûte « seulement » 120 $ par FedEx Priority Overnight, l’entreprise américaine spécialisée dans le transport international de fret.
Au-delà de la description précise d’un commerce plus que rentable, le rapport du Comité de la magistrature souligne le rôle des protagonistes ayant participé à ce trafic de tissus humains. Ainsi, aux centaines voire milliers de professionnels qui faisaient partie des transactions commerciales, s’ajoutent des sociétés liées au planning familial par des contrats, mais aussi de nombreuses cliniques d’avortement. Sans parler des avocats et des comptables qui ont révisé et modifié les contrats, en sachant pertinemment que la loi interdit la vente d’organes. Aucune de ces personnes n’a dénoncé ce trafic.
Le rapport ne précise pas où allaient ces tissus humains, mais il est vraisemblable qu’ils étaient utilisés pour la recherche dans de nombreuses universités du pays. Là encore, aucun des responsables de ces établissements n’a soulevé la moindre inquiétude quant aux sommes considérables versées pour obtenir un cerveau, une jambe, ou encore des yeux de bébé à naître.
En 2001, le planning familial américain avait pourtant exigé de ses cliniques d’avoir un « comptable indépendant », en charge de vérifier qu’elle ne profitait pas de la vente d’organes humains. Il avait même menacé d’expulsion les cliniques qui ne suivaient pas ces lignes directrices. Mais plus ces cliniques étaient suspectés de trafic, moins elles étaient contrôlées.
Source Généthique.org