Le purgatoire : une invention du Moyen Âge absente de la Bible ?
Double erreur ! Cet article de notre foi a été « formulé » bien après le Moyen Âge, mais il était déjà présent dans l’Écriture.
Un peu de provocation, si vous voulez bien ! En fait le Purgatoire a été « inventé » en 163 avant Jésus-Christ, après la bataille d’Idumée (2Maccabées 12, 38ss). Judas Maccabées découvre dans le paquetage de soldats juifs tombés au combat, des idoles païennes (double assurance-vie éternelle !). Devant ce péché manifeste d’idolâtrie, il fait célébrer un sacrifice d’expiation, en espérant qu’il fera échapper l’âme des défunts au châtiment.
C’est la première fois dans l’Écriture que l’on rapporte l’offrande d’un sacrifice pour des défunts. Il est assez raisonnable de penser que ce n’était pas la première fois d’ailleurs.
Plus sérieusement, très tôt dans le peuple juif, et depuis toujours dans l’Église, on a eu conscience qu’il fallait prier pour les morts, pratique inutile si le sort qui leur était réservé après la mort se partageait uniquement entre paradis et enfer. Cette pratique spontanée du peuple chrétien a été encadrée et favorisée par l’autorité, sans que personne n’y trouve jamais rien à redire. Elle partait d’une constatation simple. Certains, pour ne pas dire la plupart d’entre nous, meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu, mais ils sont imparfaitement débarrassés de leurs fautes. Ils ont besoin d’être « purgés » (comme on purge un radiateur) de ce qui fait encore obstacle au face à face avec Dieu que sera notre éternité bienheureuse. L’Église parle aussi d’un « feu purificateur » qui efface les fautes « dans le siècle à venir » (Saint Grégoire le Grand).
Cette foi, encouragée par les Pères, a été formulée de façon plus précise par les conciles de Florence (1439) et de Trente (1563).
Concluons en ajoutant que l’Église recommande particulièrement l’offrande du sacrifice eucharistique en faveur des défunts, mais aussi la pratique de l’aumône et des œuvres de pénitence.
Abbé Hervé Courcelle Labrousse