Le 4 mai dernier, un grand pas avait été franchi dans le processus de béatification du cardinal François-Xavier Nguyên Van Thuân. Celui-ci fut d’abord évêque du diocèse de Nha Trang, avant d’être nommé en 1975 archevêque coadjuteur de Saigon. Après treize années d’internement dans les camps et les prisons du gouvernement vietnamien, il fut finalement forcé de s’exiler à Rome où il fut appelé par le pape Jean-Paul II à la présidence du Conseil pontifical ‘Justice et Paix’, une responsabilité qui a été la sienne jusqu’à sa mort en septembre 2002.
Dans une émission du 4 mai 2017, Radio Vatican en langue vietnamienne a rapporté que la Congrégation pour les causes des saints venait de promulguer un décret reconnaissant publiquement « le caractère héroïque des vertus pratiquées par le serviteur de Dieu, le cardinal François-Xavier Nguyên van Thuân ». Cette proclamation a reçu l’approbation du pape François le jour même.
Etude des miracles attribués à l’intercession du cardinal vietnamien
Le décret promulgué par la congrégation romaine peut être considéré comme la conclusion de l’étude minutieuse par les neuf conseillers de la congrégation du dossier appelé « Positio », qui passe en revue la vie et les écrits du cardinal. La majorité des membres du groupe d’études a voté pour la poursuite de la béatification. Ce vote a été suivi de celui du groupe de cardinaux et évêques membres de la Congrégation pour les causes des saints. Ils ont donné leur accord au précédent vote. Dans la prochaine étape du procès de béatification, la congrégation romaine se penchera sur les miracles attribués à l’intercession du cardinal.
Cette étape du procès fait suite à l’enquête menée par le diocèse de Rome en vue de la béatification du cardinal vietnamien. En effet, après l’annonce par Benoît XVI de l’ouverture du procès, c’est ce diocèse qui avait eu la charge de mener la première enquête. Elle fut d’abord menée sans trop de difficultés auprès des proches, amis, relations du cardinal en Europe et dans les autres pays du monde. L’enquête dans les diocèses du Vietnam rencontra certains obstacles. En particulier, les deux prélats chargés de recueillir les témoignages n’obtinrent pas de visa pour voyager au Vietnam. Les autorités prétendirent officiellement que les deux prélats de Rome ne s’étaient pas présentés comme envoyés du Vatican. Peu de temps après, le gouvernement manifesta de nouveau sa mauvaise humeur en empêchant un ancien gardien du cardinal, un témoin important du procès, de se rendre à Rome pour la cérémonie de clôture de l’étape diocésaine du procès. Malgré cela, l’enquête fut diligentée par les évêques du lieu.
Treize années de détention
Le cardinal Nguyên Van Thuân avait été ordonné prêtre en 1953, puis, en 1967, nommé évêque de Nha Trang. Le 24 avril 1975, six jours avant la fin de l’ancien régime du Sud-Vietnam, il était nommé archevêque coadjuteur de Saigon.
C’est ce poste, dont il est resté titulaire jusqu’à sa nomination à la présidence du Conseil pontifical Justice et Paix, en 1993, qui lui vaut, en grande partie, les épreuves qui ont marqué sa vie après 1975. Les nouvelles autorités révolutionnaires n’acceptent pas cette nomination. Le 16 août 1975, Mgr Nguyên Van Thuân est placé en résidence surveillée dans une petite paroisse de son ancien diocèse, puis incarcéré à Nha Trang dans des conditions particulièrement sévères. Il est ensuite conduit au Nord-Vietnam et placé dans le camp de rééducation de Vinh Phu. Puis, après quatre ans d’assignation à résidence dans la paroisse de Giang Xa, au Nord-Vietnam, il est de nouveau interné en divers endroits jusqu’au mois de décembre 1988, date à laquelle il est libéré. Il ne peut cependant pas rejoindre son poste de Hô Chi Minh-Ville et, bientôt, lors d’un voyage à Rome, le gouvernement vietnamien lui fait savoir qu’il est indésirable au Vietnam et qu’il ne peut y retourner. A Rome, il est nommé d’abord vice-président, puis président du Conseil pontifical Justice et Paix. Le pape Jean Paul II le fait accéder à la dignité cardinalice en 2001. Il est rappelé à Dieu l’année suivante au mois de septembre. Jean-Paul II a présidé ses obsèques à la basilique Saint-Pierre.
Mgr François-Xavier Nguyên Van Thuân est l’auteur de plusieurs livres témoignant de son expérience spirituelle. Le premier est intitulé Sur le chemin de l’espérance.
Source : Eglises d’Asie