Le poète espagnol Antonio Martín de las Mulas Baeza a reçu le 38ème Prix Mondial Fernando Rielo de Poésie Mystique, indique ce communiqué de laFondation Rielo.
Avec son recueil de poèmes intitulé Vendredi saint, Antonio Martín de las Mulas Baeza a remporté le XXXVIIIème Prix Mondial Fernando Rielo de Poésie Mystique, célébré le 13 décembre à l’Institut Cervantès de New York. Ce Prix consiste en 7000 €, la publication de l’œuvre et une médaille commémorative. L’œuvre lauréate a été sélectionnée parmi 272 recueils provenant de 28 pays. Avocat de profession, Antonio Martín a reçu plusieurs reconnaissances et ses poèmes ont été publiés dans des revues littéraires et des anthologies.Le jury a trouvé que la voix du « moi » poétique exprimé par le recueil Vendredi Saint est celle de Jésus au Golgotha qui, depuis les hauteurs de la croix, divise avec une perspective unique la petitesse du poète, désormais converti au « toi » lyrique. Depuis ce regard, le crucifié fait sienne la situation de l’homme, ses faiblesses et ses peurs : « Mon sang s’écoule pour le monde, / mon cœur vous rêve dans la ville éternelle ». Il y a dans ces vers une sensibilité spéciale vis-à-vis de la solitude et de la douleur humaines, que le poète assume depuis la disposition totale du crucifié, qui n’est plus une victime inerte, mais un artisan tout-puissant pour qui la croix est un trône, un rocher inexpugnable, un autel sauveur. Le poète exprime, non sans un certain accent apocalyptique, un contenu théologique dense, rempli d’espérance salvifique par laquelle le Christ mène l’humanité au Père : « Il viendra comme un torrent dans les collines / comme un vent qui agite les cimes vertes / ouvrant toute l’âme au grand amour du Père ».
Quant à la poétesse Desamparados Escrivá, également espagnole, elle a obtenu une mention d’honneur par son recueil Dénudant l’âme, œuvre de grande beauté, empreinte de la sensibilité propre à une âme amoureuse. D’excellents vers remplis de souvenirs expressifs se tissent et jaillissent de la plaie de l’amour : « Non, ce n’est pas moi qui ait découvert l’Amour, c’est Lui qui m’a rencontré…/ Je me perdis dans cette rencontre / et je vagabonde, perdue sur son océan ». L’expérience de l’absence comme celle de la présence ne sauraient manquer, pas plus que celle de l’union finale : « Avec Toi, il est des moments où je ne sais si je suis, / où je ne sais si Tu es, / où je sais seulement que nous sommes ».
Dans son message, le Président de la Fondation Fernando Rielo, le P. Jesús Fernández Hernández affirme que la poésie mystique est la plus excellente des poésies car elle définit, forme, forge, inclut, dialogue, et parce qu’elle est imprégnée d’expérience mystique qui est incluante, transformante, libératrice. Sa force priante, prophétique et de témoignage fait que la poésie mystique est porteuse de paix, de fraternité et de convivence. Stylistiquement parlant, la poésie mystique n’est pas liée aux canons classiques mais elle s’ouvre à d’innombrables possibilités d’expression et à la richesse interculturelle. Son domaine, selon Fernando Rielo, est un accord/colloque infiniment personnel avec la Très Sainte Trinité, le poète mystique par excellence étant le Christ.
Voici les noms des 9 autres finalistes : Antonio Bocanegra (Cadiz), Miguel Sánchez Robles (Murcie), Adela Guerrero Collazos (Cali), Theresia Maria Bothe (Sicile), Pilar Elvira Vallejo (Madrid), Mª del Pilar Galán García (Valladolid), Marcelo Galliano (Buenos Aires), Fernando Raúl Matiussi (Tucumán) et Desamparados Escrivá Vidal (Tarragone).
Le Jury était composé par Jesús Fernández Hernández, président de la Fondation Fernando Rielo, José Mª López Sevillano, critique littéraire et secrétaire permanent du Prix, Annalisa Saccà, poétesse et professeur de langue et littérature à l’Université Saint John’s de New York, Hilario Barrero, poète, traducteur et professeur à la City University de New York, Marie-Lise Gazarian-Gautier, professeur d’espagnol et de littérature latino-américaine à l’Université Saint John’s et David G. Murray, critique littéraire y philologue.
Au cours de la cérémonie, un concert fut offert par la célèbre harpiste María Rosa Calvo-Manzano, qui a parcouru les cinq continents pour donner plus de trois mille concerts et qui a reçu de nombreux prix. Elle est aussi membre de plusieurs Académies des Beaux-Arts et d’Histoire dans le monde.
Le Prix, réservé à des œuvres inédites, en espagnol ou en anglais, a été remis dans des instances comme l’ONU, l’UNESCO, le Sénat français et le Capitole de Rome. Le comité d’honneur était composé de différents membres de l’Académie Royale Espagnole, dont Darío Villanueva, son directeur, de recteurs d’universités, de poètes et de professeurs de littérature.
Le caractère œcuménique du Prix a permis à des poètes de différentes confessions chrétiennes (qui représentent la majorité) ou à des poètes non chrétiens de le remporter, preuve –s’il en était besoin– de la capacité de la poésie mystique à unir les cultures et les religions.
Brève biographie d’Antonio Martín de las Mulas (Madrid, 1977)
Antonio Martín de las Mulas, né à Madrid en 1977, est licencié en Droit à l’Université CEU-San Pablo de Madrid, bien qu’il ait commencé par faire deux ans de philosophie. Il a exercé en libéral avec succès pendant près de quinze ans. En 2015, il décide de partir à Medellín (Colombie) et de se dédier, en tant que père de famille, à la vie missionnaire. Il est catéchiste pour des enfants d’un des quartiers les plus défavorisés de la ville de Bello. Il fait également partie du groupe Marie, Reine de la Paix de Medellin, en lien avec la spiritualité de Medjugorje. Comme poète, il a reçu plusieurs récompenses, parmi lesquelles le premier prix du XIIème cercle de poésie Rodrigo Caro en 2003. Ses poèmes ont été publiés dans diverses revues littéraires et anthologies.
Extraits du recueil Vendredi Saint :
J’entends vos respirations,
vous êtes ici avec moi respirant
dans les creux éternels des airs,
les âmes des siècles et les nuits sans dormir,
les longues descendances assumées,
vous êtes ici avec moi
respirant.
Aujourd’hui je meurs pour vous de cette manière,
nous sommes brisés,
même à cette hauteur des respirations.
Voilà la respiration du Fils de l’Homme,
ma respiration de mort dans ce champ ouvert,
ma manière de vivre
dans cette pièce lugubre du monde,
dans cette vie
lorsque l’on arrive à la hauteur du Crâne,
et qu’on voit ;
lorsque l’on arrive, exposé au soleil, debout
sur une croix
sur le mont intérieur de vos vies
et qu’on voit,
et qu’on voit.
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Aujourd’hui je contemple tes paupières vaincues,
leur écroulement, seules face à la secousse du monde,
leur vision recueillie
contre les grandes portes de la nuit.
Je vois que tu as perdu l’envie de vivre,
qu’on dévore en toi
ces vieux abîmes d’un silence fermé.
Je sais que tu n’y vois pas d’issue,
que tu es prêt à t’écrouler, que tes forces
se dissolvent, humaines, telle la fumée d’un feu
qui s’élève vers les hauteurs.
Allez, mon petit, prends ma main, et tiens-moi,
aie courage dans l’attente des grandes chutes.
Je me trouve dans le martyre des hommes, où je traîne
la peau en lanières par ta désolation.
Je veux injecter ta vie dans l’espérance
d’un lendemain infaillible entre mes bras.
Regarde-moi… ne défaille pas, mon fils,
Je suis avec toi,
Je crois en toi.
Source : Zenit.org