Le pape Léon XIV a reçu en audience ce lundi matin les Carmélites Déchaussées de Terre Sainte, qui participaient aux chapitres généraux des Sœurs de Sainte Catherine Vierge et Martyre, des Salésiennes Missionnaires de Marie Immaculée et des Sœurs de Saint Paul de Chartres. Voici son discours:
Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
Que la paix soit avec vous !
Bonjour à tous, bienvenue !
Je suis heureux de vous rencontrer ce matin à l’occasion de vos Chapitres et Assemblées Générales. Je salue les Supérieurs présents, ainsi que vous tous, et certains confrères qui vous accompagnent également dans vos assemblées.
Un trait commun aux Instituts auxquels vous appartenez est le courage qui a caractérisé leurs débuts. J’aimerais donc m’inspirer, pour une brève réflexion, du passage du Livre des Proverbes qui dit : « Une femme vaillante, qui la trouvera ? Son prix est bien supérieur à celui des bijoux » ( Prov. 31, 10).
Je crois que vos histoires apportent une réponse à cette question : en elles, Dieu a trouvé non pas une, mais de nombreuses femmes fortes et courageuses, qui n’ont pas hésité à prendre des risques et à affronter les difficultés pour embrasser ses projets et répondre « oui » à son appel. De plus, elles ont ouvert la voie à tant d’autres qui, comme vous, suivant le Christ, pauvres, chastes et obéissants, ont poursuivi son œuvre, parfois jusqu’au martyre.
Nous parlons de femmes extraordinaires qui se sont lancées en mission dans des moments difficiles ; qui se sont penchées sur les misères morales et matérielles des milieux les plus délaissés de la société ; qui, pour être proches de ceux qui étaient dans le besoin, ont risqué leur vie, la perdant même dans la violence brutale en temps de guerre.
Un hymne ancien de la Liturgie des Heures chante les louanges de femmes comme elles, révélant leur secret par ces mots : « Elles ont dompté leur chair par le jeûne, elles ont nourri leur esprit par la douce nourriture de la prière, elles ont étanché leur soif par les joies du ciel » (Hymnus Fortem virili pectore : Commune Sanctarum Mulierum, Ad I Vesperas).
Ce sont des paroles sages et profondes, qui rappellent les racines de votre vie de femmes consacrées, tant dans la contemplation que dans l’engagement apostolique. La force de la fidélité, en effet, à ces deux niveaux, vient de la même source, le Christ, et les moyens d’en puiser la richesse sont, comme l’enseigne l’expérience millénaire de l’Église, ceux mentionnés : l’ascèse, la prière, les sacrements, l’intimité avec Dieu, avec sa Parole et avec les choses du Ciel (cf. Colossiens 3, 1-2).
Certains, dans notre monde immanentiste, pourraient peut-être penser qu’il s’agit d’une forme de « spiritualisme », mais cela serait aisément contredit par le témoignage même de ce que vos Congrégations ont fait et continuent de faire au fil des siècles. En effet, ce n’est que grâce à la force qui vient de Dieu que tout cela a été possible. Après tout, nous en faisons l’expérience chaque jour : notre travail est entre les mains du Seigneur, et nous ne sommes que de petits instruments inadéquats, des « serviteurs inutiles », comme le dit l’Évangile (cf. Lc 17, 10). Pourtant, si nous nous confions à Lui, si nous restons unis à Lui, de grandes choses se produisent, précisément grâce à notre pauvreté.
À ce propos, saint Augustin recommandait aux vierges : « Approchez-vous des hauteurs avec le pied de l’humilité. Dieu élève ceux qui le suivent avec humilité […]. Confiez-lui les dons qu’il vous a accordés, afin qu’il vous les conserve ; confiez-lui votre force (cf. Ps 58, 10) » ( De sancta virginitate , 52, 53). Et saint Jean-Paul II , méditant sur la vie religieuse avec en toile de fond la Transfiguration du Christ (cf. Mt 17, 1-9), parlait d’une « montée sur la montagne » et d’une « descente sur la montagne » (Exhortation apostolique Vita consecrata , 25 mars 1996, n. 14), par lesquelles « les disciples qui ont goûté l’intimité du Maître, enveloppés un instant dans la splendeur de la vie trinitaire et dans la communion des saints, presque ravis à l’horizon de l’éternité, sont immédiatement ramenés à la réalité quotidienne, où ils ne voient que « Jésus seul » dans l’humilité de la nature humaine, et sont invités à retourner dans la vallée, à vivre avec lui la peine du dessein de Dieu et à prendre courageusement le chemin de la croix » ( ibid .).
Dans cette lumière, nous considérons Regina Protmann, Marie Gertrude du Précieux Sang, Marie-Anne de Tilly – avec le Père Louis Chauvet –, sainte Thérèse d’Avila, les ermites du Mont Carmel, personnes intimement unies à Dieu et donc consacrées à son service et au bien de toute l’Église, engagées à enraciner et à consolider dans l’âme de leurs frères ce Royaume du Christ qu’ils sentaient d’abord vivant en eux, et à le diffuser dans toutes les parties de la terre (cf. Concile œcuménique Vatican II, Constitution dogmatique Lumen Gentium , n. 44).
Très chères sœurs, tel est l’héritage que vous avez reçu et qui rend votre présence ici si significative. Même de nos jours, la générosité des femmes est nécessaire. À cet égard, permettez-moi d’adresser un salut particulier aux Sœurs Carmélites Déchaussées de Terre Sainte, ici présentes : votre action est importante, par votre présence vigilante et silencieuse dans des lieux tristement déchirés par la haine et la violence, par votre témoignage d’abandon confiant en Dieu, par vos prières constantes pour la paix. Nous vous accompagnons tous de nos prières et, à travers vous aussi, nous nous rapprochons de ceux qui souffrent.
Merci à toutes, mes sœurs, pour le bien que vous faites dans tant de pays du monde et dans tant de contextes différents. Je vous bénis du fond du cœur et je pense à vous dans le Seigneur.