Dans le cadre de sa rencontre avec les autorités hongroises, le Pape a abordé l’Europe et la Hongrie. Ce discours était attendu, notamment sur la question des migrants. C’est l’occasion pour le Pape de préciser sa pensée sur les rapports entre les parties et le tout: les identités nationales ne sont pas exclusives, mais elle ne peuvent être gommées au nom d’abstractions et d’idéologies.
Europe: ni “populismes autoréférentiels”, ni “supranationalisme abstrait”
Le Pape a rappelé les origines de l’Europe en citant ainsi les discours des Pères fondateurs et s’inscrivant dans la perspective d’une unité dans la diversité. Cette dernière anime, par exemple, la Constitution hongroise qui indique que « nous considérons que notre culture nationale est une riche contribution à l’unité européenne multicolore ». Si le Pape refuse les populismes “autoréférentiels”, il récuse tout autant la logique d’un “supranationalisme abstrait”, lequel peut conduire à des “colonisations idéologiques” dont l’une d’elles est le “droit insensé à l’avortement”, qui reste “toujours un échec tragique”:
Je pense à une Europe qui ne soit pas l’otage des partis, en proie aux populismes autoréférentiels, mais qui ne se transforme pas non plus en une réalité fluide, voire gazeuse, en une sorte de supranationalisme abstrait, oublieux de la vie des peuples. C’est la voie néfaste des “colonisations idéologiques” qui éliminent les différences, comme dans le cas de ladite culture du genre, ou qui font passer des conceptions réductrices de liberté avant la réalité de la vie, par exemple en vantant un “droit insensé à l’avortement”, qui est toujours un échec tragique.
Témoigner de la foi dans le cadre d’une “saine laïcité”
Le Pape a rappelé son attachement à une saine laïcité, mais qui exclut le laïcisme et appelle au témoignage des chrétiens:
une saine laïcité, qui ne tombe pas dans le laïcisme généralisé se montrant allergique à tout ce qui est sacré pour s’immoler ensuite sur les autels du profit, est une bonne chose. Ceux qui se professent chrétiens, accompagnés par les témoins de la foi, sont avant tout appelés à témoigner et à marcher avec tous, en cultivant un humanisme inspiré de l’Évangile et cheminant sur deux voies fondamentales : se reconnaître fils bien-aimés du Père et aimer chacun comme un frère.
Le Pape cite les paroles de Saint Etienne de Hongrie concernant les migrants
Le Pape a également cité les paroles du roi Saint Etienne de Hongrie concernant l’accueil des migrants, tout en reconnaissant le caractère “complexe” de ce sujet:
Car, écrivait-il, « un pays qui n’a qu’une seule langue et une seule coutume est faible et décadent. C’est pourquoi je te recommande d’accueillir bien volontiers les étrangers et de les considérer avec honneur, afin qu’ils préfèrent rester chez toi plutôt qu’ailleurs » (Admonitions, VI). C’est un sujet, celui de l’accueil, qui suscite beaucoup de débats à notre époque et qui est certainement complexe. Cependant, pour ceux qui sont chrétiens, l’attitude de base ne peut pas être différente de celle que saint Étienne a transmise, après l’avoir apprise de Jésus qui s’est identifié à l’étranger à accueillir (cf. Mt 25, 35).
Source: site du Saint-Siège