À l’heure des médias et des réseaux sociaux, le pape François défend la lecture et la littérature dans la formation, notamment sacerdotale. Une démarche assez inhabituelle, mais pas si surprenante pour un pape qui affectionne la littérature et qui n’a pas hésité à parler de ses auteurs favoris. Dans une lettre datée du 17 juillet 2024, mais rendue publique dimanche dernier, le pape François se livre à un plaidoyer aussi passionné que passionnant pour la lecture.
“Trouver un bon libre devient une oasis”
En effet, le pape défend âprement la lecture:
Souvent, dans l’ennui des vacances, dans la chaleur et la solitude de certains quartiers déserts, trouver un bon livre à lire devient une oasis qui nous éloigne d’autres choix qui ne nous feraient pas du bien. Il y a aussi les moments de fatigue, de colère, de déception, d’échec, et lorsque nous ne parvenons pas, même dans la prière, à trouver la tranquillité de l’âme, un bon livre nous aide à traverser la tempête jusqu’à ce que nous retrouvions un peu de sérénité. Et peut-être cette lecture nous ouvre-t-elle de nouveaux espaces intérieurs qui nous aident à ne pas nous enfermer dans les idées obsessionnelles qui nous tiennent inexorablement. Avant que les médias, les réseaux sociaux, les téléphones portables et autres dispositifs deviennent omniprésents, cette expérience était fréquente, et ceux qui l’ont connue savent de quoi je parle. Il ne s’agit pas d’une chose dépassée.
Le lecteur réécrit en quelque sorte l’œuvre”
Le lecteur a en effet plus de “marge” quand il lit: son rôle est plus actif:
Contrairement aux médias audiovisuels où le produit est plus complet et où la marge et le temps pour “enrichir” le récit et l’interpréter sont généralement réduits, le lecteur est beaucoup plus actif dans la lecture d’un livre. Il réécrit en quelque sorte l’œuvre, l’amplifie avec son imagination, crée un monde, utilise ses capacités, sa mémoire, ses rêves, sa propre histoire pleine de drames et de symboles. Et ce qui en ressort est une œuvre bien différente de celle que l’auteur voulait écrire.
À quelques exceptions près, l’attention portée à la littérature n’est pas considérée comme essentielle.
En effet, le pape insiste sur le rôle de la lecture dans la formation sacerdotale: il déplore sa faible place dans ce parcours et constate qu’elle constitué surtout une “forme de divertissement”. Le pape considère que cette perspective conduit à “un appauvrissement intellectuel et spirituel”:
Mais, d’une manière générale, il faut constater avec regret que, dans la formation de ceux qui sont destinés au ministère ordonné, l’attention à la littérature ne trouve pas actuellement une place adéquate. Celle-ci est en fait souvent considérée comme une forme de divertissement, c’est-à-dire une expression mineure de la culture qui n’appartiendrait pas au chemin de préparation, et donc à l’expérience pastorale concrète, des futurs prêtres. À quelques exceptions près, l’attention portée à la littérature n’est pas considérée comme essentielle. Je voudrais affirmer que cette approche n’est pas bonne. Elle est à l’origine d’une forme grave d’appauvrissement intellectuel et spirituel des futurs prêtres qui sont ainsi privés d’un accès privilégié, par la littérature, au cœur de la culture humaine et plus précisément au cœur de l’être humain.
Un texte que l’on peut découvrir ici.