Le pape François contre la peine de mort et l’emprisonnement à vie, idéalisme ou prophétisme ?

Le pape François contre la peine de mort et l’emprisonnement à vie, idéalisme ou prophétisme ?

A l’occasion de la 14ème journée mondiale contre la peine de mort, le pape François, par le truchement d’un tweet a réaffirmé son opposition à la peine capitale.

Allant plus loin que ses prédécesseurs, le pape s’oppose même à la prison à perpétuité. S’appuyant sur le commandement “tu ne tueras pas”, le souverain pontife invoque l’inviolabilité de la vie qu’il met en parallèle avec le droit à la conversion.

Cette position repose sur une vision optimiste de l’homme capable de se convertir pour ce qui est du criminel et capable de pardonner du point de vue de la victime. Si un tel optimisme est bien légitime pour le chrétien qui doit garder foi en la bonté de l’homme d’une part et la grâce divine d’autre part, comment prendre en compte la réalité concrète du péché qui ronge le cœur de l’homme et entrave bien souvent sa capacité à se convertir, comme à pardonner ?

Un tel optimisme ne serait-il pas de l’angélisme, de l’idéalisme ? Que le vicaire du Christ prêche un monde fondé sur le pardon et la conversion en exigeant, dans sa radicalité une société où l’enfant puisse mettre sa main sur le trou du serpent, peut se comprendre comme vision prophétique. Mais comme vision régalienne, comment harmoniser cet idéal de la cité de Dieu et celui de la cité des hommes ? Car pour vivre ensemble, il faut bien tenir compte de cette réalité du péché et du mal qui gangrènent le cœur de l’homme bien souvent.

C’est du reste l’objet de l’enseignement traditionnel de l’Eglise sur la peine de mort comme le rappelle saint Thomas d’Aquin. Le monde auquel aspire le pape François, celui que tous les papes ont appelé de leur vœux, suppose bien un préalable qui en est la condition de réalisation, la conversion des cœurs.

La véritable question n’est donc pas celle de l’abolition ou non de la peine de mort, mais celle des conditions nécessaires à cette abolition, surtout avec l’opposition à la prison à perpétuité.

Qu’en est-il en effet des récidivistes ? N’appartient-il pas au pouvoir d’être responsable de la sécurité de ses ressortissants ? Il est indéniable, en revanche, qu’à la réflexion sur la peine de mort, et donc la possibilité de conversion de chacun, il faut adjoindre une réflexion sur la place et le rôle social de la prison.

La prison lieu de mise à l’écart de la société, lieu du bouc émissaire, envoyé au diable ? Ou la prison occasion de conversion et de retour à la pleine dignité ?

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