Le message de La Salette

Le message de La Salette

d’Yves de Lassus dans la lettre de liaison n°88 de l’association Cap Fatima :

Chers amis,

S’il convient d’accorder une attention prioritaire à la partie non secrète du message de Fatima, toutefois, s’agissant de paroles de Notre-Dame, aucune partie de ce message ne peut être ignorée, en particulier ce que l’on appelle improprement le troisième secret. C’est pourquoi, dans les dernières lettres de liaison, nous avons été conduits à regarder dans les révélations privées précédant les événements de Fatima s’il ne se trouvait pas des éléments apportant quelques éclaircissements sur ce troisième secret. Dans cette optique, trois révélations ont déjà été analysées : une faite au Padre Pio en 1913 (lettre de liaison n° 82), une faite au pape Léon XIII en 1884 (lettre de liaison n° 83) et une faite au bienheureux abbé Cestac en 1864 (lettre de liaison n° 84). Cette dernière nous a conduit à analyser ensuite l’apparition de Notre-Dame à La Salette en 1846, la date de 1864 se trouvant dans le secret confié à Mélanie. En effet, Notre-Dame lui dit : « En l’année 1864, Lucifer avec un grand nombre de démons seront détachés de l’enfer ; ils aboliront la foi peu à peu et même dans les personnes consacrées à Dieu. »

Avant d’analyser le secret de La Salette, il convient de noter l’étonnant parallèle qui existe entre les apparitions de Fatima et de La Salette. Dans chaque cas, les voyants sont de très jeunes bergers, ne sachant ni lire ni écrire, réputés d’une intelligence très moyenne et n’ayant qu’une éducation rudimentaire.

Les apparitions ont eu lieu en pleine campagne alors que les petits voyants gardaient leur troupeau.
La reconnaissance des apparitions eut lieu après un temps relativement bref : cinq ans pour La Salette, treize ans pour Fatima.
Parmi les apparitions reconnues par l’Église, ce sont celles qui ont le message le plus riche. De plus, les deux  messages contiennent une partie secrète, ce qui rendit les apparitions rapidement célèbres.
À chaque fois, les faits furent connus très tôt : le soir de la première apparition. Le curé fut très vite mis au courant et interrogea les voyants le lendemain matin dans le cas de La Salette, une dizaine de jours après dans le cas de Fatima.

Ce parallèle entre les deux apparitions nous incite à comparer les deux messages.
Le message de La Salette comprend trois éléments : une partie publique révélée le soir-même de l’apparition, une partie secrète confiée à Maximin seul et une autre partie secrète confiée à Mélanie seule.
Pour Fatima, le message comprend non seulement le secret confié le 13 juillet 1917, dont sœur Lucie révéla une grande partie en 1941, mais aussi toutes les paroles de l’Ange et de Notre-Dame lors des autres apparitions. Ce message fut ensuite précisé par les apparitions qu’eut sœur Lucie au cours de sa vie, notamment à Pontevedra et Tuy.

Voyons, pour commencer, la partie publique du message de La Salette. Elle fut connue très tôt, car le lendemain de l’apparition, le matin avant la messe, le curé recueillit la déposition des deux enfants, et le soir-même les deux maîtres de Mélanie et Maximin mirent par écrit ce que les enfants leur avaient dit. Le jour suivant, les voyants furent contraints de se séparer, car Maximin dut rentrer dans sa famille à Corps, village situé à 7 km de La Salette. Le message fut ensuite connut par les très nombreux interrogatoires subis par les voyants dans les semaines qui suivirent l’apparition, en particulier par l’interrogatoire qui eut lieu à l’évêché le 29 mai 1847 devant six témoins. Maximin fut interrogé seul le matin, entre 9 h et midi, et Mélanie l’après-midi de 16 h à 18 h. Il est très impressionnant de voir que les deux textes de Mélanie et de Maximin sont pratiquement identiques (à quelques mots près), alors que les deux voyants ont été interrogés séparément et qu’ils s’étaient très peu vus puisqu’ils se rencontrèrent pour la première fois la veille de l’apparition et furent séparés le surlendemain. Enfin, l’un et l’autre étaient connus pour n’avoir aucune mémoire et peu d’intelligence. Comment ont-ils pu retenir un texte aussi long dont une partie dans une langue qu’ils ne connaissaient pas ? Sans constituer une preuve formelle de l’authenticité, ce point montre au moins qu’il ne s’agit pas d’un phénomène purement naturel. (Le récit de Mélanie est donné en annexe de cette lettre.)

Pour une bonne part, le message de La Salette est un véritable enseignement catéchétique. Il rappelle notamment sept points suivants :

  1. Il ne faut plus offenser Notre-Seigneur : « Si mon peuple ne veut pas se soumettre, je suis forcée de laisser aller la main de mon Fils. Elle est si lourde et si pesante que je ne puis plus la retenir. »
  2. Il ne faut pas travailler le dimanche : « Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l’accorder. C’est ça qui appesantit tant le bras de mon Fils. »
  3. Le blasphème est une faute grave : « Ceux qui conduisent les charrettes ne savent pas parler sans y mettre le nom de mon Fils au milieu. Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le bras de mon Fils. »
  4. Il faut assister à la messe tous les dimanches : « Il ne va que quelques femmes un peu âgées à la messe ; et les autres travaillent tout l’été le dimanche ; et l’hiver, quand ils ne savent que faire, ils ne vont à la messe que pour se moquer de la religion. »
  5. Il faut s’abstenir de viande certains jours : « Le carême, ils vont à la boucherie comme les chiens. »
  6. Il faut prier tous les jours, soir et matin : « Il faut bien la faire [la prière], soir et matin.  »
  7. Il faut au moins réciter un Pater et un Ave : « Quand vous ne pourrez pas mieux faire, dites un Pater et un Ave ; et quand vous aurez le temps et que vous pourrez mieux faire, vous en direz davantage. »

Comparons maintenant avec le message de Fatima.
Le premier point correspond parfaitement à la dernière demande de Notre-Dame à Fatima : « N’offensez pas davantage Dieu, Notre-Seigneur, car Il est déjà trop offensé. » Cette demande placée soit au début, soit à la fin du message, montre son importance : Notre-Dame demande avant tout de ne plus offenser son Fils en se soumettant à sa loi.
Les deux derniers points correspondent aux premiers points du message de Fatima. En effet, au printemps 1916, l’Ange dit : « Priez avec moi. » et durant l’été : « Que faites-vous ? Priez. Priez beaucoup. » Et l’année suivante, la Sainte Vierge précisa comment prier en demandant à chaque apparition de réciter le chapelet tous les jours.
À La Salette, Notre-Dame demanda simplement de réciter chaque jour, matin et soir, au moins un Pater et un Ave, et si possible plus. À Fatima, elle précisa que la prière qu’elle demandait était le chapelet quotidien. De plus, Notre-Dame et l’Ange enseignèrent chacun deux prières aux petits voyants.

Quant aux quatre autres points du message de La Salette, ils rappellent l’impérieuse nécessité d’obéir à deux commandements de Dieu (le 2e : « Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain » et le 3e : « Souviens-toi de sanctifier les fêtes ») et à deux commandements de l’Église (le 1er : « Entends la messe les dimanches et autres fêtes de précepte » et le 2e : « Abstiens-toi de viande les vendredis et autres jours prohibés »).

Cet enseignement se trouve également dans le message de Fatima. En effet, l’Ange et Notre-Dame demandèrent d’offrir des sacrifices pour la conversion des pécheurs (apparitions de l’été 1916 et du 13 juillet 1917). Quelques années plus tard, Notre-Seigneur précisa à sœur Lucie ce qu’il fallait entendre par sacrifice : « Le sacrifice qu’exige de chacun l’accomplissement de son propre devoir et l’observance de ma loi, voilà la pénitence que je demande et que j’exige maintenant. » Or l’observance de la loi divine consiste justement à respecter les commandements de Dieu et de l’Église. Sur ce point, le message de Fatima ne se contente pas de rappeler certains commandements, mais demande l’application de toute la loi divine. Les faits récents montrent, hélas, la pertinence de ce rappel de Notre-Seigneur. Car, aujourd’hui malheureusement, les 6e et 9e commandements de Dieu (« Tu ne commettras pas d’actes impurs » et « Tu ne désireras pas la femme d’autrui ») sont terriblement bafoués.

Il y a donc un parallèle très fort entre les apparitions de La Salette et de Fatima, non seulement sur les conditions dans lesquelles elles eurent lieu, mais aussi sur l’enseignement prodigué. Ainsi, La Salette prépare Fatima en quelque sorte. En tout cas, l’enseignement de La Salette permet de mieux comprendre celui de Fatima.
En résumé, le Ciel nous demande de prier en récitant notre chapelet tous les jours et de ne plus offenser Notre-Seigneur en respectant la loi divine.

En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus

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