Il y aurait un ouvrage fort utile à faire sur le contexte historique des Evangiles et plus largement de toute la Bible. Nous entendons souvent bien des inexactitudes et parfois des homélies à portée spirituelle fondées du d’énormes contresens historiques. Le mythe du méchant occupant romain n’est pas le moindre des contresens historiques aux conséquences spirituelles erronées.
Ce mythe repose sur l’importance exagérée des quelques rebelles juifs attendant la libération de l’occupant, ainsi que sur l’erreur messianique espérant un messie temporel. Un mythe renforcé par les diverses occupations dont l’Histoire fut par la suite le témoin, comme celle de la France par les anglais, comme en témoigne la tapisserie de l’Apocalypse mettant en scène les romains en soldats anglais. Le vécu commun et récent de l’occupation allemande pose également dans l’inconscient collectif un sens particulier de l’occupation romaine.
Mais à y regarder de plus près, l’occupation romaine dans l’empire est plutôt une intégration progressive et la plupart des peuples étaient fiers et contents de faire parti d’un empire qui forçait l’admiration. Saint Paul est citoyen romain bien que juif et il revendique cet état. Les juifs disposaient en outre d’un privilège unique dans l’empire, seuls ils étaient dispensés de sacrifier aux dieux de Rome. En contrepartie ils priaient leur Dieu pour l’empire.
Hérode n’est pas qu’un pantin être les mains du gouverneur romain, loin s’en faut. Si tel était le cas Rome eut-elle laissé perpétrer sans mot dire le massacre des innocents à grande échelle ? Pilate n’intervient dans les affaires des juifs que parce que ceux-ci le forcent à le faire. Il les renvoie du reste à leur propre juridiction. Qui plus est, dans tout l’empire, la cohésion et l’administration ne repose pas sur la contrainte militaire, mais sur l’intégration des élites locales (les municipes) et la romanisation de celles-ci comme du peuple. Du reste la présence militaire romaine en Judée est très légère.
C’est une erreur historique de considérer la Judée en état de siège occupée par un étranger dominant. Une erreur qui conduit à des erreurs spirituelles dans l’interprétation des Evangiles. Il ne s’agit pas de faire ici un cours d’histoire antique, mais juste de signaler un défaut de lecture, qu’il ne peut qu’être bon de corriger.
Baudouin d’Alixan