Après le pape, c’est le cardinal secrétaire d’Etat qui a reçu la délégation d’élus français autour du cardinal Barbarin, ce jeudi 1er novembre.
Voici l’intégralité de son discours
Voici le message du cardinal Parolin :
Monsieur le Cardinal,
Monsieur l’Ambassadeur,
Chers Confrères dans l’Épiscopat,
Mesdames et Messieurs les élus,
C’est avec grand plaisir que je viens vous saluer ce matin à l’occasion de votre pèlerinage à Rome, dans le prolongement du Jubilé Extraordinaire de la Miséricorde, à peine conclu avec la fermeture, le 20 novembre dernier, de la Porte Sainte de la Basilique Saint-Pierre.
Le Jubilé est terminé, mais la porte de la miséricorde de notre cœur ne peut jamais être fermée. Au contraire, elle doit rester grande ouverte. Nous sommes tous appelés à exercer sans cesse la miséricorde à travers le soutien matériel et spirituel des hommes et des femmes de notre temps, mais aussi en répondant au besoin de pardon, de réconciliation et de paix dont notre monde a soif. Dans sa lettre apostolique Misericordia et misera, publiée lors de la conclusion du Jubilé, le Pape François affirme que « la miséricorde ne peut être une parenthèse dans la vie de l’Église, mais [qu’]elle en constitue l’essence même, qui rend manifeste et tangible la vérité profonde de l’Évangile » (n. 1).
J’ose vous citer ces paroles parce que je suis persuadé que le message de la miséricorde ne peut pas rester cantonné à l’intérieur de la communauté des fidèles. Ce message parle avant tout au cœur de chacun et contribue au bien de tous, que l’on soit croyant ou non. Au-delà des frontières de l’Église, ce message s’adresse tout particulièrement à ceux et celles qui exercent le noble service politique et qui travaillent pour le bien commun en cherchant à répondre aux besoins de la société et à développer les potentialités de chacun de ses membres.
Aujourd’hui, les défis que vous devez affronter dans l’exercice de vos responsabilités sont très nombreux, complexes et délicats. Vous êtes constamment appelés à vous pencher sur les difficultés posées par la pauvreté, le chômage, les tensions qui caractérisent souvent les sociétés occidentales, les énormes flux migratoires, la violence et le terrorisme qui ont frappé la France de façon particulière, les incertitudes concernant l’avenir de l’Europe et l’instabilité de la situation internationale liée aux tensions, aux menaces et aux guerres.
Ne vous découragez jamais ! Devant l’ampleur de la tâche, je vous invite à aborder ces défis avec sérénité, en recherchant des solutions fondées sur le respect de la personne, de la vérité et de la justice, en favorisant le consensus, la solidarité et le bien commun, tout en ayant particulièrement à cœur la protection de ceux qui sont faibles et sans défense, et en évitant de vous laisser gagner par la peur, les slogans simplistes ou le gain politique à court terme.
Aujourd’hui en Europe, il est urgent de travailler à un renouvellement de la politique pour dépasser la désaffection et la perte de crédibilité qui l’atteignent et pour soutenir l’engagement des nouvelles générations, qui représentent non seulement l’avenir mais aussi le présent de nos sociétés. Au cours de ce pèlerinage à Rome, je vous encourage à vous engager résolument, et indépendamment de vos sensibilités politiques respectives, à bâtir une culture de la miséricorde et du dialogue serein, à vous efforcer de chasser l’indifférence et l’hypocrisie, et à travailler à des projets qui permettront d’assurer un avenir meilleur pour chacun et pour toute la société.
Je vous remercie de votre visite. Je puis vous assurer de ma prière et je vous présente mes meilleurs vœux pour vous, pour vos familles et pour votre mission au service de votre cher pays.