Le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, a lancé un plaidoyer pour la défense de la Terre et de la dignité humaine, mercredi 25 mai 2017. Il s’exprimait devant les participants au rassemblement œcuménique «Les Églises sont plus proches dans la maladie et dans la souffrance (500 ans après la Réforme de Luther)», qui se déroule du 24 au 25 mai à l’Institut Camillianum international de théologie pastorale sanitaire de Rome.
Au cours de son intervention, sur le thème «Protéger la Terre et donner dignité à l’humanité», le cardinal Turkson a rappelé que «le Saint Père nous a tous invités à être des protecteurs de l’environnement et des pauvres», définis comme «deux fragilités», «deux éléments qui crient vers nous pour être écoutés». «Nous avons reçu la Terre comme un jardin, gare à nous si nous la laissons comme un désert», a-t-il notamment estimé.
La charité au cœur du développement durable
«Nous avons clairement besoin d’un changement pour protéger la Terre et les personne qui l’habitent. Tout dérive du principe essentiel que nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, donc que nous sommes des personnes en possession d’une dignité intacte qui ne peut jamais être niée», a poursuivi le prélat ghanéen.
S’appuyant sur le «principe de solidarité de Jean-Paul II» et sur les écritures judéo-chrétiennes, il a rappelé que «le don de la Terre est un don pour tous», que ses ressources ne sont pas réservées à un petit nombre et que cela «nous engage à la réalisation du bien d’autrui». «Les citoyens des pays les plus riches sont particulièrement tenus d’aider leurs frères, en apaisant les effets du changement climatique», a assuré le cardinal ghanéen, appelant «chaque personne de bonne volonté à embrasser les vertus qui fondent le développement durable, la plus importante d’entre elles étant la charité», dont les effets bénéfiques concernent aussi «ceux qui ne sont pas encore nés».
«Sans le changement du cœur, les règles politiques ne sont pas efficaces»
Pour le préfet du Dicastère pour le Service du Développement Humain Intégral, la protection de la Terre et la défense de la dignité humaine «ne sont pas des problèmes contractuels mais doivent être fondés sur la morale», à travers trois solutions: «le respect, la réconciliation et la solidarité». «Sans le changement du cœur, les règles politiques ne sont pas efficaces. Sans cette base éthique, il manquera à l’humanité le courage de proposer les meilleurs politiques possibles», a estimé le prélat, selon qui «avec l’individualisme, le développement durable ne se produira jamais, il n’y aura jamais de justice et de responsabilité».
Certes l’Église «n’est pas une experte en science et en technologie», a concédé le cardinal, mais «une experte en humanité». C’est pour cela qu’elle lit les signes des temps «dans les moments clés de l’histoire», comme l’a fait le Pape François à l’ONU en invitant à sauvegarder la Maison commune. «Au XIXème siècle, l’Église a exprimé sa préoccupation face à l’industrialisation, dans la seconde moitié du XXème siècle elle a tourné son attention vers l’accumulation des armes durant la Guerre Froide et elle doit maintenant parler avec force du plus grand défi de notre temps: le développement durable», a conclu le cardinal Turkson.
Le rassemblement œcuménique «Les Églises sont plus proches dans la maladie et dans la souffrance (500 ans après la Réforme de Luther)» réuni pendant deux jours catholiques et protestants autour de différents intervenants. «D’un côté nous constatons les avancées de la science et de meilleurs résultats concernant la capacité à contrôler la douleur, de l’autre nous identifions un déficit spirituel qui concerne la compréhension de la souffrance», indique le dépliant de l’événement. Il vise ainsi à «trouver des parcours communs de protection de la fragilité».
Source Radio Vatican