Les évêques, selon une habitude désormais bien ancrée, se préoccupent des soucis, nombreux du monde agricole et particulièrement des agriculteurs eux-mêmes. Si seuls ces derniers sont mentionnés, dans la lettre que la Conférence épiscopale vient d’adresser au monde agricole, il est évident que tout ce monde, qu’autrefois nous appelions paysan, est pris dans la sollicitude des évêques.
Rappelant la présence l’an dernier de certains d’entre eux au salon de l’agriculture, la lettre des évêques survole quelques uns des aspects douloureux d’un monde en difficulté, mais toujours chéri des Français.
Pourtant, une chose surprend dans cette attention somme toute délicate, Dieu est totalement absent. Pas plus que dans la déclaration de l’an dernier, le Créateur n’est invité dans la discussion. Pas davantage le monde n’est vu comme la Création. Lorsque nos évêques proposent leur aide, c’est pour réfléchir à donner une âme au dialogue qu’il faut tisser entre les acteurs du monde agricole.
La beauté du travail du paysan qui, selon l’ordre du Créateur, soumet la création, lui fait donner du fruit et son rôle irremplaçable dans la dimension spirituelle de la contemplation dont notre monde a tant besoin semblent totalement absents d’une lettre qui ne propose pas non plus la prière de l’Eglise qui pourtant en compte de belles pour tout le monde agricole, que ce soit les rogations, le blé eucharistique en Normandie, la bénédiction des animaux ou celle des récoltes.
Cette lettre, pour délicate qu’elle soit, aurait pu être écrite par n’importe quel mouvement écologique. Il y manque la puissance du Créateur qu’on aurait attendue spécialement ici et l’espérance que porte la Création, notablement dans ce travail d’enfantement quotidien de ces hommes et de ces femmes qui sont, d’une façon particulièrement visible, les mains de Dieu renouvelant chaque jour ce jardin, écrin unique d’où l’Homme monte vers le Ciel.