En annonçant, ce 19 juillet 2018, qu’il canoniserait le jeune laïc italien Nunzio Sulprizio (1817-1836) le 14 octobre prochain, durant le Synode des évêques sur les jeunes, le pape François donne un modèle à la jeunesse.
Orphelin très jeune, Nunzio fut élevé par sa grand-mère maternelle jusqu’à ses neuf ans. A la mort de cette dernière, il est recueilli par un oncle, qui l’exploita et le maltraita sans merci dans sa forge. Dès qu’il le pouvait, Nunzio se réfugiait devant le Tabernacle pour être en compagnie de Jésus.
Atteint par la gangrène à une jambe, il est abandonné à l’hôpital des Incurables de Naples, où il offre ses souffrances. « Jésus a beaucoup souffert pour moi. Pourquoi ne souffrirais-je pas pour Lui ? » disait-il. Et encore : « Je voudrais mourir pour convertir un seul pécheur ». A 15 ans, il est présenté par un oncle militaire au colonel Felice Wochinger, connu comme “le père des pauvres”, qui le prend sous son aile paternelle.
Les conditions de santé du jeune Nunzio s’améliorent, mais il marchera tout le reste de sa vie avec une canne. Il se dévoue alors aux malades autour de lui : « Restez toujours avec le Seigneur, les encourageait-il, parce que de Lui vient tout bien ».
Nunzio désire se consacrer à Dieu, mais frappé de souffrances indicibles, il apprend en 1835 qu’il est atteint d’un cancer des os. Le 5 mai 1836, il se fait donner un crucifix et demande à se confesser. « Réjouissez-vous, du Ciel je vous assisterai toujours », assure-t-il au prêtre venu lui donner le sacrement. Il meurt le même jour, à l’âge de 19 ans. D’après les témoins, son corps, déformé par la maladie, devint beau et frais tandis qu’un parfum de rose se dégageait. Il est enterré à Naples, dans l’église San Domenico Soriano, devenue lieu de pèlerinage.
Lors de sa béatification en 1963, à l’ouverture du Concile Vatican II, Paul VI – qui sera canonisé le même jour – le donnait ainsi en exemple pour les jeunes : « Un jeune peut-il être saint ? Un ouvrier peut-il être saint ? » se demandait-il. Et de répondre : « il ne fut pas seulement digne de béatification en tant que jeune et en tant qu’ouvrier, mais justement parce qu’il était jeune et ouvrier ».
Etre jeune est une chance
Dans son homélie rapportée par Vatican News, le pape Montini soulignait ainsi : « Nunzio Sulprizio vous dira à vous, jeunes, (…) que la jeunesse ne doit pas être considérée comme l’âge des libres passions, des chutes inévitables, des crises invincibles, des pessimismes décadents, des égoïsmes nuisibles ; il vous dira plutôt qu’être jeune est une grâce, c’est une chance. »
Paul VI évoquait les aspects « mystérieux » de la vie du jeune Italien : « Son enfance, par exemple, orpheline et pauvre, marquée par beaucoup de tristesses, ne nous invite-t-elle pas à la méditation… sur le mystère de la souffrance innocente ? … Comment se fait-il que toute cette jeunesse malheureuse et manquée ait fleuri dès les premières années en bonté innocente, patiente et souriante ? »
Au fil de sa méditation, il rendait hommage à la grand-mère de Nunzio qui l’éleva quelques années « et révéla peut-être sans le savoir à cette âme souffrante et sensible les premières notes du divin entretien ».
Paul VI invitait les jeunes à « lier amitié » avec ce bienheureux mort à 19 ans, insistant sur sa bonté : “Humainement parlant, cette bonté reste inexplicable; elle nous avertit que nous sommes devant le secret … celui de la sainteté ».
La grandeur des ouvriers
Il s’adressait aussi aux travailleurs : « votre collègue pauvre et souffrant (…) dit avant tout que l’Eglise pense à vous, qu’elle vous estime et vous fait confiance, qu’elle voit dans votre condition la dignité de l’homme et du chrétien, que le poids de votre fatigue est un titre… pour votre grandeur ». Pour le pape, la vie de Nunzio Sulprizio témoigne que « nous avons besoin de protection, d’assistance et d’aide pour être libre et humain et pour consentir à la vie son développement naturel » dans son milieu de travail.
Le pape Paul VI s’arrêtait également sur la nécessité de la « nourriture supérieure » donnée dans la « prière » : « rien n’est plus nocif pour l’esprit, pour la vie familiale et sociale, que de l’ignorer ».
Source: zenit.org