Pax Christi Belgique devient Be Pax, “sois la paix”. C’est le fruit d’une gestation de plusieurs mois qui a aboutit à retirer Christi, jugé trop conservateur (sic) selon l’évêque référant, Mgr Delville.
« Le nom du Christ n’y est plus, admet Mgr Delville, mais cela se défend, car le nom latin faisait souvent penser à des tendances plutôt conservatrices… Cela créait souvent des ambiguïtés quand l’association d’éducation permanente voulait défendre son action dans les médias. Or BePax a besoin notamment des médias pour promouvoir le dialogue, l’ouverture aux différences et l’espoir d’un monde meilleur, telle que nous le comprenons en tant que chrétiens. »
Argument surprenant puisque le latin Pax demeure. Alors que l’Eglise fait de plus en plus le constat du succès relatif de l’enfouissement, voilà une décision qui semble bien surannée, mais qui traduit la grande dépression que traverse l’Eglise de Belgique.
A la remarque inquiète de la disparition du nom du Christ (on aurait pu tout simplement traduire le tout en belge), on répond que ce qui compte c’est l’inspiration chrétienne.
Pourtant la Paix du Christ n’est pas exactement la paix des hommes et l’entente cordiale reste bien en-deçà de la paix du Christ, comme le rappelle le journaliste qui interviewait le responsable de Be Pax
Car pour tout chrétien, devenir « artisan de paix » est simplement impossible sans la paix qui – depuis Pâques ! – nous est donnée : la « Pax Christi ».
L’intention est à la hauteur de la satisfaction : « BePax reflète donc parfaitement la mission que nous souhaitons poursuivre et qui consiste à sensibiliser les citoyens et décideurs aux conflits qui divisent les différentes populations établies en Belgique, et les amener à devenir des acteurs de paix. »
N’empêche qu’en rigueur de terme c’est un reniement qui veut ouvrir les bras de la Croix sans la dresser vers le Ciel. Nous voulons tellement compter sur nos propres forces que nous dépossédons le Christ de sa propre mission. A cacher le visage de la grâce, nous l’étouffons. Nous pensons à vue humaine, moyens humains, là où le Christ ne nous demande qu’une chose : ne pas être un canal bouché de la grâce.
Nulle part sur terre il ne s’agit de faire l’oeuvre pour Dieu, mais bien l’oeuvre de Dieu. Et comment imaginer la faire en le mettant sous le boisseau ?