de l’abbé Bruno Gerthoux, curé de Robion et des Taillades :
Jean d’Ormesson dans son ouvrage Comme un chant d’espérance, écrit cela dans une liste. Il introduit ainsi : « Dieu se dissimule dans le monde. Chacun peut dresser, comme un chant d’espérance, la liste des événements ou des occasions où il se manifeste soudain – parfois de façon surprenante – avec une sorte d’évidence et d’éclat ». Parmi ces événements : la mort de ceux qu’on aime … cela surgit, là aussi de façon surprenante, au milieu d’événements, de lectures, de paysages, d’oeuvres et de de monuments. Cette phrase m’a saisi dans sa justesse, son évidence, la force de sa conviction, la simplicité de sa formulation.
Je voulais en parler dans la feuille de dimanche dernier, et puis j’ai reporté. Or, dimanche j’ai reçu un message en fin de matinée, m’annonçant le décès d’un ami et confrère de mon âge, suite à une crise cardiaque. Ce vendredi, j’ai pris part à ses funérailles.
Il y avait le cercueil. Je n’ai pas vu le corps. J’ai du mal à prendre la mesure de la réalité. Les souvenirs reviennent des moments partagés, heureux ou malheureux, les échanges, les regards, les conversations, les paroles, les rires… Ce qui m’a saisi, et m’a convaincu que j’avais bien fait de faire la route, c’est que j’ai retrouvé cet ami dans le regard de ses amis, toujours vivant, plus que présent, plus présent que la mort, que l’absence.
Lorsque nous sommes confrontés à la mort de ceux qu’on aime, nous risquons de rester fixés sur les seuls souvenirs – avec la peur qu’ils se dissipent – nous risquons de rester fixés sur ce qui nous manque, sur ce qui n’est plus là, sur ce qui n’est plus tangible.
Et là, « se manifeste soudain avec une sorte d’évidence et d’éclat » ce qui demeure, ce qui passe la mort, ce qui est plus fort. Dans ces regards, ces souvenirs, ces pleurs, nous entrevoyons le regard de Dieu, plein de douceur et de tendresse. Il y a une sorte de paix et de sérénité qui en découle. Une conviction plus forte que tout, plus forte que la mort.