La liberté d’expression en péril

La liberté d’expression en péril

La liberté d’expression est définie par la Déclaration des droits de l’homme de 1948 : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinons et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen que ce soit. »On sait, par ailleurs, le respect très particulier des États-Unis pour cette liberté garantie spécifiquement par le premier amendement de la Constitution. Nous autres Français ne devrions sûrement pas être étrangers à ce souci, pour peu que la devise de la République ait un sens. La première des libertés est bien celle de la conscience et celle-ci se traduit nécessairement par la possibilité de pouvoir s’exprimer. Il y a sans doute quelques limites à cette possibilité. Elles sont définies par la loi. Mais on peut avoir le sentiment que certains voudraient étendre au maximum ces limites, notamment en criminalisant la pensée d’autrui qui ne leur convient pas.

Je redoute, pour ma part, une criminalisation excessive, même quand il s’agit d’idées que je réprouve et que je combats de la façon la plus rigoureuse. Mais j’estime que mon désaccord doit s’exprimer en premier par les moyens d’une libre et loyale discussion et non par un renvoi systématique devant les tribunaux. Par ailleurs, la criminalisation ne passe pas seulement par la loi, elle s’affirme par des conduites d’individus et de groupes voulant faire taire leur adversaire. Ainsi, Alain Finkielkraut a-t-il été par trois fois l’objet de manœuvres violentes, tendant à lui interdire la parole. Il y a eu l’épisode de Nuit debout et celui des Gilets jaunes que je rappelle pour mémoire. Plus récemment, un groupe a voulu lui interdire l’entrée de sciences po, où il devait tenir une conférence. Je suis tout à fait d’accord avec Pascal Bruckner et Édouard Husson pour m’indigner de tels procédés, d’autant qu’ils concernent l’enceinte universitaire, donc un sanctuaire de la pensée, qui devrait être immunisé de toute atteinte à la liberté d’expression. Même si le philosophe a pu finalement s’exprimer, sous la protection de la police, on ne peut que ressentir un profond malaise devant les hésitations de l’autorité d’un établissement si important pour notre vie civique. Il est vrai qu’une sérieuse réflexion s’impose sur le sujet, le phénomène ayant pris une expansion alarmante, notamment depuis les États-Unis avec les interdits du politiquement correct.

 

Gérard Leclerc,

Source France catholique

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