Aux Etats-Unis, le taux de suicide a augmenté de près de 30% depuis 1999. Le suicide est devenu la dixième cause de décès. Il y a de nombreuses raisons à cette augmentation, parmi elles, l’épidémie d’opioïdes, les mauvaises conditions économiques et le taux croissant de dépressions parmi les jeunes. La multiplication des hotlines de prévention et les initiatives en faveur de la santé mentale sont autant de réponses nécessaires et louables, mais il ne faudrait pas ignorer l’impact des changements législatifs en matière de suicide.
Les critiques des lois sur le suicide assisté ont depuis longtemps remarqué que la loi est un enseignement moral et que légaliser quelque chose le normalise. Les partisans de ces mêmes lois ont martelé que le suicide était simplement une autre façon raisonnable de choisir sa fin de vie, sapant les garde-fous culturels, religieux et philosophiques ancestraux autour de cette pratique, qui ont servi de protection pour les personnes souffrant de dépression. Plusieurs études ont montré les objections morales ou religieuses au suicide réduisait la probabilité de voir les personnes déprimées agir conformément à leurs pulsions suicidaires.
Les Américains changent d’opinion sur le suicide, ils sont en passe de le considérer comme normal, raisonnable, et même comme un choix de compassion face à la souffrance et au désespoir. Mais la normalisation de l’auto-destruction fait des victimes au-delà des malades en phase terminale, elle rejoint des déprimés et des anxieux qui intériorisent l’idée que la destruction d’eux-mêmes est une réponse logique à leur douleur. Les jeunes sont particulièrement vulnérables, car ils n’ont aucune expérience de la vie et ne savent pas que, la plupart du temps, les épreuves passent.
L’argument de la « qualité de vie » inquiète ceux qui accompagnent des personnes handicapées qui craignent leur vulnérabilité aux pressions sociales et redoutent de les voir intégrer l’idée que certaines vies ne vaudraient pas la peine d’être vécues.
Une étude de 2015 largement rapportée dans le Southern Medical Journal a montré un lien fort entre la légalisation du suicide assisté et le taux de suicide. L’étude a évalué le suicide dans les États avant et après la mise en place des lois. Elle a montré que la « légalisation du suicide assisté est associée à une augmentation significative du nombre total de suicides » et que les taux augmentaient en moyenne de 6,7% après la dépénalisation.
Les tentatives de normaliser le suicide assisté sont constantes et omniprésentes et elles sont à reconsidérer : plus on avance dans cette voie, plus on crée une culture confortable au suicide, menaçant de larges pans de la société, et apportant plus de souffrance, pas moins.