Chronique de Gérard Leclerc transcrite sur France-catholique :
Que résultera-t-il du Synode des évêques, consacré à la jeunesse, qui s’est ouvert hier à Rome ? J’avoue être incapable de l’imaginer, tant l’ordre du jour est complexe. De plus, la difficulté grandit encore, dès lors qu’il s’agit de la jeunesse du monde entier, dans la diversité de ses enracinements culturels, économiques et sociaux. Habituellement, les synodes se concentrent sur une thématique bien circonscrite. En choisissant de faire explorer le monde de la jeunesse, le pape François s’est exposé au risque, sinon de la confusion, du moins de celui de la dispersion. Pour s’en rendre compte, il suffit d’examiner la liste des quatre évêques co-présidents du Synode. L’un vient d’Irak, l’autre de la Papouasie, le troisième de Madagascar et le dernier de Birmanie. Chacun renvoie à une civilisation déterminée, où le christianisme est plus ou moins présent. Indice intéressant à propos de la jeunesse : l’Afrique explose littéralement sous la pression démographique des nouvelles générations, alors que l’Europe est de plus en plus vieillissante.
Les contrastes de situation permettront peut-être des échanges qui empêcheront les Européens de se considérer comme le centre du monde. Le dynamisme des jeunes Églises permettra-t-il aux représentants des plus anciennes de ne pas se refermer sur leurs problèmes dans la morosité ? Il y aura la présence de 34 jeunes de 18 à 29 ans pour stimuler les Pères synodaux qui pourront ainsi prendre l’avis des intéressés pour dépasser leurs propres impressions individuelles. Y aura-t-il des idées neuves qui répondront à l’attente du Pape, lequel a recommandé dans son discours d’ouverture d’aller au-delà de ce qui s’est toujours fait ? Mais les idées neuves fécondes jaillissent plus de l’expérience vivante que de discussions en chambres.
De ce point de vue, le Congrès Mission, qui vient de se tenir à Paris, pourrait inspirer le Synode par la richesse des échanges auxquels il a donné lieu, liés à la pratique missionnaire de terrain de ses 3500 participants, jeunes souvent. Dans cette période difficile, l’Église n’est pas démunie de forces agissantes qui ne veulent pas se laisser enliser dans une crise débilitante mais comptent sur les énergies de la grâce pour émerger à un monde nouveau.