Saint patron des travailleurs, des familles, des artisans, des éducateurs, de la bonne mort, de la vie intérieure, intercesseur pour les causes difficiles, les soucis de travail ou de logement, Saint Joseph occupe une place toute particulière dans le coeur des catholiques. Cependant, malgré ses nombreux attributs, et sa place dans la sainte famille, la dévotion envers lui n’en demeure pas moins assez récente.
Le père adoptif du Christ : négligé puis l’un des saints les plus invoqués par les fidèles
Pour les premiers chrétiens, Saint Joseph ne figure pas en tête de liste, à l’image du silence qui enveloppa sa carrière terrestre. En effet, l’Eglise des premiers siècles choisit davantage pour modèles des martyrs et des apôtres, symboles des épreuves traversées alors par les disciples du Christ.
Il semble que la dévotion à Saint Joseph trouve son origine lors des premières croisades, alors que les pèlerins traversent des lieux saints, comme Bethléem et Nazareth. A la suite de ce culte populaire débute un véritable travail liturgique et théologique sur le personnage, en particulier de la part des moines. Au XVe siècle, le théologien Jean Gerson, auteur du premier livre écrit en l’honneur de Saint Joseph, œuvre de toutes ses forces pour promouvoir cette dévotion. Sous son impulsion, la fête de Saint Joseph est inscrite dans le missel romain. Puis, en Espagne, Sainte Thérèse d’Avila, réformatrice du carmel, lui donne une nouvelle dynamique. Elle voue une grande vénération au père adoptif du Christ. Sur les 18 monastères qu’elle fonde, 13 portent le nom de Saint Joseph. La Sainte Vierge elle-même aurait encouragé la sainte dans cette piété.
Puis, au début du XVIIe siècle, la fête du saint est fixée au 19 mars et rendue obligatoire. En juin 1660, Saint Joseph apparaît à Gaspard Ricard, un jeune berger assoiffé au Bessillon, près du village de Cotignac, en Provence, et lui indique une source miraculeuse. Les pèlerinages affluent. A la suite de cette apparition, Louis XIV décrète que le jour du 19 mars sera désormais férié. Certains disent même que le matin du 19 mars 1661, quelques semaines après avoir pris le pouvoir, le Roi Soleil consacra la France à Saint Joseph dans l’intimité de la chapelle du Louvre. Bossuet appuie cette décision en prononçant l’un de ses célèbres sermons : “Joseph a mérité les plus grands honneurs, parce qu’il n’a jamais été touché de l’honneur ; l’Église n’a rien de plus illustre, parce qu’elle n’a rien de plus caché”. Aujourd’hui encore, le 19 mars est un jour chômé dans plusieurs pays, notamment en Colombie et à Malte, ou dans certaines régions espagnoles et lands autrichiens. En Espagne, le 19 mars est également le jour de la fête des pères.
Après la douloureuse Révolution Française, la dévotion à Saint Joseph connaît un essor remarquable. A son tour, le pape Pie VII lui écrit une prière, et Pie IX déclare Saint Joseph patron de l’Eglise universelle le 8 décembre 1870.