Le pape François a comme lourde tâche, la réforme de la Curie. C’est le mandat laissé par la renonciation de Benoît XVI. Et le successeur de Pierre entend bousculer l’Eglise du haut jusqu’en bas, de la tête aux pieds, sans laisser aucune artère du corps épargnée par le frémissement de la réforme.
La Curie a eu droit à son message curatif en 2014, les pharisiens sont fustigés à longueur d’année, ceux qui courent après richesses et honneurs en sont pour leurs frais et le cléricalisme est ardemment vilipendé.
C’est ce dernier que le Saint-Père a choisi de mettre à l’index lors de l’homélie de la messe d’anniversaire de son ordination sacerdotale.
Pour le pape le cléricalisme a son pendant dans l’inflation législative de l’Ancien Testament. Cette multitude de lois reposent pour le Saint-Père sur de savantes compositions qui ont oublié le premier commandement. Une des formes du cléricalisme est pour le pape François l’intellectualisme rigoureux qui étouffe le peuple.
Faut-il y voir une allusion aux nombreux soutiens aux quatre cardinaux ayant exprimé leurs dubia au Saint-Père ?
Extraits
«Mais une loi que, eux, ils ont refait de nombreuses fois : tant de fois, jusqu’à arriver à 500 commandements. Tout était régulé, tout ! Une loi scientifiquement construite, parce que ces gens étaient sage, ils savaient bien. Ils faisaient toutes ces nuances. Mais c’était une loi sans mémoire : ils avaient oublié le premier commandement, que Dieu avait donné à notre père Abraham : “chemine en ma présence et sois irréprochable.” Eux, ils ne cheminaient pas : Ils étaient toujours arrêtés sur leurs propres convictions. Et ils n’étaient pas irréprochables !»
«Judas a été un traître, il a lourdement péché», a rappelé le Pape François. «Mais ensuite l’Évangile dit : “repens-toi, et va leur rendre l’argent.” Et eux, qu’est-ce qu’ils ont fait ? “Mais, tu as été des nôtres. Sois tranquille… Nous, nous avons le pouvoir de tout pardonner.” Non ! “Arrange-toi comme tu peux. C’est ton problème!” Et ils l’ont laissé seul, écarté! Le pauvre Judas, traître et repenti, n’a pas été accueilli par les pasteurs, parce que ceux-ci avaient oublié ce qu’était un pasteur. Ils étaient les intellectuels de la religion, ceux qui avaient le pouvoir, qui faisaient avancer la catéchèse du peuple avec une morale faite par leur intelligence et non par la révélation de Dieu.»
«Le cléricalisme est une chose très mauvaise !», a martelé le Pape. «Et la victime est la même : le peuple pauvre et humble, qui attend le Seigneur. Le Père a toujours cherché à se rapprocher de nous : il a envoyé son Fils. Nous sommes en train d’attendre, en attente joyeuse, en exultation. Mais le Fils n’est pas entré dans le jeu de ces gens : le Fils est allé avec les malades, les pauvres, les écartés, les publicains, les pécheurs, les prostituées… Aujourd’hui aussi, Jésus nous dit à nous tous, et aussi à ceux qui sont séduits par le cléricalisme : “Les pécheurs et les prostituées seront devant vous dans le Royaume des Cieux.” »