Le délit d’entrave numérique a déchaîné les passions dans tous les sens. Derniers feux d’un gouvernement discrédité, inquiétude d’une population en voie d’être réduite au silence, exaspération de militants sans cesse mis à mal et revanchards déçus du triomphe de François Fillon (qui pourtant s’est bien gardé d’être présent), le débat a suscité bien des crispations.
Un argument n’est pourtant pas passé inaperçu dans l’hémicycle, même s’il n’a pas dû beaucoup émouvoir ses destinataires. Les parlementaires ont en effet reçu un mail d’un prêtre exorciste anonyme (mais qui a bien confirmé l’envoi) les prévenant qu’un tel vote leur ouvrirait les portes de l’enfer.
« Si vous signez la proposition de loi de demain interdisant les sites internet pro-vie, vous signez votre entrée dans l’enfer éternel ! »
France Info, avide de scoop, est allé demander son avis à la conférence épiscopale qui a esquivé la réponse par un biais qui a surpris plus d’un commentateur.
“Chaque prêtre a le droit d’écrire ce qu’il veut, il n’y a pas de lien hiérarchique, la Conférence ces évêques n’est pas au-dessus des prêtres mais à leur service. Par ailleurs, nous avons déjà dit ce que nous pensions de la proposition de loi, maintenant nous laissons faire le travail”
Ce n’est pas tant la seconde partie qui surprend que la première. Les médias sont habitués à voir dans l’Eglise une hiérarchie stricte, une pyramide qui mettrait le fidèle tout en bas et le pape en haut, via la conférence épiscopale. Or cette dernière rappelle, très laconiquement, qu’elle n’a aucun pouvoir hiérarchique. Et en effet, la conférence épiscopale, organe consultatif et de collaboration entre les évêques, est un service de soutien et non un échelon hiérarchique. Elle n’a donc, il est vrai, aucune autorité sur le prêtre en question. Son évêque en revanche oui. Peut-il lui interdire de parler ? C’est déjà arrivé. Mais il demeure que le prêtre n’est pas tenu à l’obéissance si les ordres lui semblent contraires à sa conscience. A charge alors de l’évêque de le suspendre s’il estime devoir le faire.
De la même manière, les évêques ne sont pas soumis à la conférence épiscopale dont les assemblées plénières ne sont pas un synode et les décisions plus des grandes lignes communes d’ordre pastorale.