La Caritas Nepal à pied d’œuvre pour aider à la lente et difficile reconstruction du pays

La Caritas Nepal à pied d’œuvre pour aider à la lente et difficile reconstruction du pays

Près de dix-huit mois après le tremblement de terre qui a frappé le Népal le 25 avril 2015, tuant près de 9 000 personnes, quatre millions de Népalais, sur une population de 28 millions d’habitants, vivent encore dans des abris de fortune, et 700 000 habitations sont toujours en attente de reconstruction.

Caritas Nepal, présent dès le lendemain du tremblement de terre pour porter assistance aux victimes, continue aujourd’hui son action caritative, en aidant à la reconstruction des habitations, avant l’arrivée imminente de l’hiver.

Les équipes de l’organisme caritatif de l’Eglise catholique locale ont choisi de concentrer leurs actions dans les régions les plus touchées par le séisme, à savoir les districts de Sindupalchok, Kavre, Dolakha et Sindhuli. Caritas prévoit notamment de financer la reconstruction de 4 400 habitations. « Le rôle des femmes est primordial dans la reconstruction du pays, car elles font partie de ceux qui ont été le plus durement touchés par le tremblement de terre, et ce sont elles qui sont le plus attachées à une reconstruction sécurisée des habitations », explique le P. Silas Bogati, président de Caritas Nepal.

Une aide dans les régions les plus touchées

Krishna Kumari Bishwokarma, du village de Balthali, dans le district de Kavre, était en train de déjeuner dehors lorsque sa maison en terre s’est effondrée sous ses yeux. « J’ai eu beaucoup de chance d’être sortie à ce moment-là », confie la veuve octogénaire. Elle a ensuite pu trouver refuge dans une cabane en bois construite par son gendre, jusqu’à ce que elle reçoive une tente de secours, comme les 240 familles prioritaires – familles pauvres, veuves, personnes âgées, handicapés – qui ont fait partie du programme d’aide d’urgence mis en place par la Caritas, un programme qui a été élargi un mois plus tard à 607 autres familles de Balthali.

Après avoir passé quinze mois sous une tente, Bishwokarma est retournée vivre dans la cabane en bois de son gendre, le temps que sa nouvelle maison, une structure de deux pièces financée par la Caritaset construite selon des normes antisismiques, soit terminée. « J’ai vraiment hâte de vivre dans ma nouvelle maison. Avant le tremblement de terre, je vendais des balais pour survivre, mais depuis que ma maison a été détruite, je ne peux plus travailler », explique la vieille femme, qui souffre de problèmes respiratoires.

Une aide financière et des formations à la reconstruction

« Notre objectif principal est de rejoindre les personnes les plus vulnérables, les plus marginalisées, ainsi que les communautés les plus isolées », explique Manindra Malla, responsable des programmes de Caritas Nepal. En plus d’apporter une aide matérielle concrète, Caritas, avec l’aide de Caritas Internationalis, apporte également une aide financière directe à la reconstruction des habitations. « Nous versons un acompte de 50 000 roupies [415 euros] à chaque foyer pour lancer le début des travaux », précise Manindra.

Mais le Népal doit également faire face à une pénurie de main d’œuvre qualifiée dans le bâtiment, de nombreux Népalais étant partis travailler à l’étranger, ce qui oblige les ONG à former du personnel à la reconstruction d’habitations antisismiques, avant même de pouvoir envisager la reconstruction des habitations. Depuis novembre 2015, la Caritas dispense ainsi des formations à la reconstruction dans différents localités du district de Gorka. Parmi les stagiaires, une trentaine de femmes ont déjà suivi cette formation. « Je comprends à présent l’importance de construire une maison plus solide », reconnait Mira Devi Bhatt, qui a suivi le stage de construction antisismique de la Caritas et est fière de participer à la reconstruction de son village.

Une administration paralysée et une situation politique instable

Si certains chantiers gérés par des ONG avancent petit à petit, globalement, les chantiers de reconstruction des habitations sont désespérément lents, et le long blocus économique à la frontière indo-népalaise qui a paralysé le pays pendant plusieurs mois, fin 2015, n’a fait qu’aggraver la situation.

Des milliers de familles vivant dans des régions reculées sont toujours en attente de l’aide financière gouvernementale attribuée pour la reconstruction des maisons. Le gouvernement népalais, après des mois d’opposition politique, n’a créé le Bureau pour la reconstruction nationale (NRA, National Reconstruction Authority) que huit mois après le tremblement de terre, pour ne commencer à distribuer les aides financières aux victimes qu’en avril 2016, soit un an après la catastrophe.

En février 2016, la NRA avait même temporairement interdit aux ONG de reconstruire des habitations si elles ne suivaient pas scrupuleusement les directives gouvernementales. Un mois plus tard, la NRA faisait volte-face, en demandant la mobilisation des ONG pour la reconstruction et la réhabilitation des habitations, en les encourageant à déposer leurs fonds auprès des autorités, afin qu’elles puissent commencer leur travail de reconstruction auprès des victimes.

Selon le porte-parole de la NRA, le montant des indemnisations a été fixé à 200 000 roupies (1 660 euros) et il peut être revu à la hausse pour « les familles les plus pauvres, les veuves ayant des enfants à charge, les mères célibataires, ou les familles ayant à charge des personnes de plus de 75 ans ou des personnes handicapées ». Plus d’un demi-million de foyers, 533 155 très exactement, ont été identifiés comme éligibles à ces indemnisations, parmi lesquels celui de Krishna Kumari Bishwokarma, éligible au montant total. Pour l’instant, seuls près de 40 000 foyers ont reçu le premier acompte, soit 7,45 % des foyers concernés.

Le 25 septembre dernier, lors de sa première réunion avec le nouveau Premier ministre népalais, Pushpa Kamal Dahal (1), la NRA a reconnu que la somme de 410 milliards de roupies (3,4 milliards d’euros) estimée pour la reconstruction du pays, correspondait à peine à la moitié du montant réel, nécessaire au financement de la reconstruction des infrastructures du pays, suggérant de faire « appel à d’autres ressources intérieures ou étrangères », pour atteindre « le besoin exact estimé à 938 milliards de roupies » (7,8 milliards d’euros).

Une petite communauté catholique auprès des Népalais

« Le processus de reconstruction post-tremblement de terre a commencé depuis peu. (…) Nous nous concentrons sur les maisons, les écoles, les hôpitaux, notamment grâce à la contribution d’ordres religieux, et aux côtés de nombreuses ONG non catholiques », a indiqué à l’agence Fides, Mgr Paul Simick, vicaire apostolique du Népal. « Pour nous, il s’agit de témoigner de l’Evangile au Népal. De nombreuses communautés très pauvres, dans des zones reculées, ne peuvent compter que sur nous seuls. 99 % des destinataires de nos programmes d’aide ne sont pas catholiques. Plus qu’en prêchant, l’Evangile se donne par les œuvres », témoigne Mgr Simick.

Au Népal, où 81,3 % de la population est hindoue, les principales minorités religieuses sont constituées des bouddhistes (9 % de la population), des musulmans (4,4 % de la population), sunnites dans leur très grande majorité, et des chrétiens (1,41 %), dont 8 à 10 000 catholiques (soit 0,03%).

L’Eglise du Népal, une jeune Eglise fondée il y a seulement soixante-deux ans, peut compter sur l’apport de six congrégations religieuses masculines et sur 22 congrégations féminines. Elle rassemble 85 prêtres et 122 religieuses, répartis dans de nombreuses régions du pays. « Même si nous sommes un petit troupeau de quelque 8 000 fidèles, la population a une bonne opinion des catholiques », estime le vicaire apostolique du Népal.

Source : Eglises d’Asie

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