Le cardinal-évêque Bustillo s’est exprimé sur le voyage du pape en Corse qui aura lieu le 15 décembre prochain. Il revient sur plusieurs aspects, aussi bien que le choix du souverain pontife que sur l’importance accordée à la religiosité populaire.
“La Corse est un lieu de tradition”
Le Pape François se rendra en Corse le 15 décembre. Comment est née l’idée et comment a-t-elle fait elle son chemin? Et comment le Pape accueille-t-il ce projet?
On parle justement d’une visite parce que, en Corse, c’est un lieu de tradition. Géographiquement, on n’est pas très loin de Rome. C’est un lieu où il y a beaucoup de traditions populaires. Et dans chaque village, dans chaque ville, il y a toujours des processions. Il y a beaucoup de confréries, on en compte plus de 3000. C’est donc important de savoir qu’il y a des gens qui sont engagés dans les confréries, les processions. Il y a des manifestations pacifiques, des manifestations spirituelles et ce dans toutes les villes et villages de Corse. Le Pape est sensible à cette dimension spirituelle et à cette dimension aussi populaire, humaine, où l’homme sort dans la rue et manifeste sa foi sans faire de l’endoctrinement public, mais avec beaucoup de simplicité et beaucoup de joie. Le fait que nous ayons ces traditions a peut-être attiré l’attention aussi du Saint-Père pour venir les célébrer. Peut-être qu’il faut les vivre et peut être qu’il faut aussi les promouvoir.
“Evangéliser par les traditions populaires”
Le cardinal parle aussi du colloque sur la religiosité populaire qui sera organisé:
En quoi consiste le colloque que votre diocèse organise?
Nous avons organisé avec le diocèse un colloque sur la religiosité populaire en Méditerranée (…). Le fait de partager, de se retrouver et de savoir que finalement, la tradition populaire, si elle n’a pas une âme, ce n’est que du folklore. Il s’agit donc de proposer aussi une formation théologique sur la manière d’évangéliser par les traditions populaires ce qui peut être important aussi pour la vie de l’Église.
Ces traditions populaires sont un élément de la mission?
Absolument. Il n’y a pas de divorce, il n’y a pas de dissociation. La mission a besoin de tout, de créativité, de liberté et de tradition. Il y a une tradition très théologique, académique, où l’on développe une réflexion théologique, philosophique, sociologique, spirituelle évidemment. Mais il y a aussi des traditions très simples, des traditions populaires. On peut évangéliser par une présence dans la rue, par le fait de porter, de célébrer la Vierge Marie, de célébrer saint Érasme. C’est une manière de se dire qu’on sort dans la rue pour honorer un homme ou une femme du passé, pour honorer la Vierge Marie et on est tous en mouvement. Cette piété populaire est ainsi un mouvement derrière la statue. Ce n’est pas la statue qu’on honore ou vénère d’une manière un peu idolâtrique, mais c’est l’histoire de la Vierge Marie, d’un saint, des martyrs, derrière lequel on se met en route. Il est important, me semble-t-il, de se dire comment, sans être nostalgique, la mémoire les hommes et les femmes du passé qui ont vécu des choses extraordinaires dans une vie ordinaire, nous aident à sortir un peu d’une certaine banalité ou médiocrité. Ils nous mettent en mouvement et on essaie de vivre quelque chose d’extraordinaire.
Pourquoi le Pape François vient-il célébrer cette piété populaire?
Parce qu’il le veut, d’abord. C’est sa liberté. Ensuite, je pense qu’il est extrêmement sensible à cette dimension de sortir dans la rue. Quand on voit notre monde, les guerres autour de la Méditerranée, les situations critiques au Moyen-Orient et ailleurs, du côté de l’Ukraine, de la Russie, on voit des situations de tensions, de crispations, de douleurs, de divisions, de guerres. Et parallèlement, il y a en Méditerranée des lieux où l’on vit d’une manière extrêmement simple au niveau d’un petit village, d’une ville, des manifestations pacifiques liées à la dévotion, à la tradition, liées aussi à la spiritualité chrétienne.
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