Organisée du 30 juillet au 9 août 2017, la septième édition des Journées asiatiques de la jeunesse invitait les jeunes responsables catholiques à « vivre l’Evangile dans une Asie multiculturelle ». L’occasion pour les 2140 participants, venus de 22 pays d’Asie, de découvrir l’Eglise indonésienne et de réfléchir ensemble à leurs engagements.
A la veille des Journées asiatiques de la jeunesse (AYD – Asian Youth Day), le P. Antonius Haryanto, président de cet évènement et secrétaire général de la Commission pour la jeunesse de la Conférence des évêques d’Indonésie, s’était confié à Eglises d’Asie. « Nous espérons que les jeunes vont montrer que le multiculturalisme est beau et facteur d’unité, et qu’ils seront prêts à faire face aux défis de notre temps » avait-il notamment indiqué. « Et nous espérons aussi que les jeunes catholiques pourront apprendre de chaque rencontre » ajoutait-il.
L’accueil des catholiques indonésiens
Les Journées dans les diocèses (29 juillet-2 août) ont vocation à montrer le quotidien des communautés chrétiennes du pays organisateur. Une occasion pour observer, échanger et partager, selon Mgr Pius Riana Prapdi, évêque Ketapang et président de la Commission pour la jeunesse de la Conférence épiscopale d’Indonésie.
Pays à la plus grande majorité musulmane au monde, l’Indonésie compte 7,8 millions de catholiques, soit 2,9 % de la population. Les fidèles de 11 diocèses (le pays en compte 37) se sont mobilisés pour accueillir les participants. Et au sein de chaque diocèse, ce sont des familles qui ont hébergé les jeunes. Une modeste contribution, pour apporter un soutien nécessaire, indique l’une de ces familles à Asianews.
Les 2140 participants se sont ensuite retrouvés à Yogyakarta pour prendre part aux Journées de la jeunesse (2-6 août). Parmi eux, 942 étrangers, venus de 21 pays différents, et 1198 jeunes Indonésiens, selon les statistiques officielles. Lors de la messe de clôture (6 août), célébrée par le cardinal Oswald Gracias, archevêque de Mumbai (Bombay), se sont joints à eux près de 20 000 Indonésiens.
Le soutien des autorités indonésiennes
A la cérémonie de clôture assistait notamment le vice-président de la République d’Indonésie, Jusuf Kalla, qui a loué l’esprit de ce rassemblement. « Je suis fier, explique-t-il, d’être ici avec vous, car je suis pleinement conscient que le futur des nations asiatiques repose dans les mains des jeunes ». Les responsables politiques ont été nombreux à prendre part et à apporter publiquement leur soutien à ces AYD. Mgr Mgr Robertus Rubiyatmoko, archevêque de Semarang, tient à le souligner. « Les autorités indonésiennes ont contribué généreusement à l’organisation de cet évènement, que ce soit en accordant les autorisations nécessaires, en garantissant la sécurité des participants ou en apportant un soutien financier » précise-t-il à Eglises d’Asie.
Mgr Henry D’Souza, évêque de Bellary, président de la Commission pour la jeunesse de la Conférence épiscopale d’Inde, a insisté lui aussi sur l’importance de ce soutien. Le pape François, qui comptait se rendre en Inde et au Bangladesh en 2017, devrait finalement effectuer une visite pastorale en Birmanie et au Bangladesh en novembre prochain. Le gouvernement Modi n’aurait, semble-t-il, pas lancé d’invitation officielle au Saint-Père. A l’issue de la messe de clôture, l’organisation des prochaines AYD, en 2020, a, qui plus est, été confiée à l’Inde.
Pour le P. Antonius Haryanto, le soutien affiché par le gouvernement fait sens. « Le thème des AYD correspond au programme du gouvernement qui est actuellement en train de refaire campagne pour le Pancasila », la doctrine du pluralisme indonésien, explique-t-il à Eglises d’Asie.
La mobilisation de la jeunesse indonésienne
En outre, le P. Antonius souligne que ces AYD ont permis de travailler et d’échanger avec les fidèles d’autres religions, notamment musulmans. Pendant ces AYD, 650 bénévoles ont assuré le bon déroulement des activités. Et parmi eux, une centaine de musulmans, militants du Nahdlatul Ulama et du Muhammadiyah, deux grandes organisations musulmanes de masse. Un temps d’échange avec ces jeunes indonésiens musulmans a été organisé. « Cette rencontre indique que notre tolérance ne consiste pas à rester silencieux, à se supporter, mais à s’impliquer dans une relation personnelle » témoigne l’un d’entre eux auprès de l’agence Fides.
Pour Mgr Henry D’Souza, l’Asie est confrontée à la montée du fondamentaliste religieux qui menace la paix et la sécurité, dénonçant l’intolérance religieuse, qui cause plus de violence et de chaos que n’importe quelle autre arme. « Dieu a confié à la jeunesse catholique d’Asie de faire face à cette situation. Mettre en place des actions destinées à promouvoir l’harmonie religieuse et la résolution des conflits en Asie devrait être la priorité de nos jeunes ». Et d’inviter les jeunes à devenir « des champions de l’unité entre les peuples […] en s’investissant dans tous les domaines de la vie moderne ».
Onze tables-rondes ont permis aux jeunes d’échanger sur de nombreux sujets, comme la corruption, l’accueil des migrants, les mariages interreligieux, la doctrine sociale de l’Eglise, ou l’annonce de l’Evangile sur les réseaux sociaux.
Des jeunes prêts à sortir de leur « zone de confort »
Responsables pastoraux et jeunes ont tour à tour pu faire part des difficultés auxquelles ils sont confrontés, et des initiatives qu’ils développent pour y faire face. Un jeune a ainsi témoigné de son engagement en faveur de la défense de l’environnement à Hongkong, après avoir lu l’encyclique du pape François Laudate Si. Un combat porté par l’Eglise aux Philippines qui n’est pas si fréquent dans la Région administrative spéciale.
Dans la déclaration des AYD 2017, les jeunes catholiques se disent prêts à sortir de leur « zone de confort ». Pour relever les défis de leur temps, en utilisant les outils actuels, notamment numériques, et avec le soutien de l’Esprit Saint, de leur communauté et de leurs pasteurs. Ces derniers, qui se sont réunis lors des Rencontres des responsables de la pastorale des jeunes (6-9 août), se sont engagés à « faciliter une rencontre personnelle avec Jésus Christ dans une Asie multiculturelle ».
Lors des précédentes AYD, en Corée du Sud, le pape François avait lancé un vibrant appel aux jeunes « à bâtir une Eglise plus sainte, plus missionnaire et humble ». Il leur a cette fois-ci adressé un message les encourageant à « écouter plus attentivement l’appel de Dieu à et à répondre avec foi et courage à leur vocation ».
Pour le P. Antonius, ces AYD auront montré que les jeunes catholiques « sont animés par l’envie de construire et de développer l’harmonie dans la diversité ».
A l’issue de la messe de clôture, le 6 août dernier, l’Inde s’est vue confier l’organisation des prochaines Journées asiatiques de la jeunesse, en 2020.
Source : Eglises d’Asie