Reprenant Genèse 16, saint Paul commente dans son épître aux Galates la servitude d’Agar, (en arabe Hagar) la servante d’Abraham qui enfanta au patriarche un premier enfant, connu sous le nom d’Ismaël.
Agar servante enfante pour un fils de servitude, représentant la première alliance, celle du Mont Sinaï qui met au monde des esclaves.
Nous connaissons l’histoire de cette servante qui se sent pousser des ailes parce qu’elle croit porter l’héritier du maître. Face à cette injuste attitude, Sarah crie vers Dieu et lui demande justice du mépris de la servante. Justice, c’est-à-dire de lui rendre ce qui lui est dû, à savoir sa juste place d’épouse et de maîtresse.
Chassée, Agar emmènera avec elle tout un peuple, celui qui descendra du fils de servitude, Ismaël. C’est de ce fils que se réclament les musulmans. Face à la descendance légitime du patriarche et de son épouse qu’est Israël, l’islam se pose comme la descendance d’Ismaël.
Il est troublant de mettre en parallèle cette branche du clan sémite, issue de l’esclavage et rejetée par Abraham, à la demande de son Dieu, au profit d’une filiation légitime et conforme à la promesse faite au patriarche par Dieu Lui-même d’une part et le nom même que reçoivent les héritiers d’Ismaël, les muslims. Or musulman signifie le soumis.
Oui il s’agit bien du même peuple descendant du fils d’Agar. C’est bien de cette femme de servitude rejetée par Abraham à la demande de Dieu que se revendique l’islam.
Mystiquement parlant n’est-ce pas, par anticipation, le rejet de Dieu de la soumission servile de l’islam ?
En effet, Dieu ne reconnaît pas les fils de la servitude comme siens. Il reconnaît ceux qui, par son Fils, sont libérés de l’esclavage pour recevoir l’héritage d’Abraham, le véritable héritage, celui de la Promesse.
Or clairement, le fils de la servante n’est pas l’héritier de la promesse. C’est bien Isaac, fils légitime de l’épouse légitime, qui avait reçu la promesse de fécondité. Ismaël est une illusion d’héritier et comme tel il ne peut recevoir l’héritage du Père. Plus encore, en hébreux, langue sémantique, le fils est composé de deux lettres de l’alphabet, aleph et beth. Aleph représentant le père et beth la maison composent le mot fils, car le fils est celui qui reçoit du père la maison. Chasser Ismaël de la maison signifie bel et bien qu’il n’est pas reconnu comme fils.
La promesse est une promesse de liberté accomplie dans le Christ descendant d’Abraham par Isaac et David, non par le fils d’Agar. L’islam n’est pas héritier de la promesse, car il n’est pas l’héritier de la foi d’Abraham mais d’un faux semblant.
Cette double entrée, par la descendance de servitude exprimée dans la Bible à travers Agar et par le nom même de cette descendance aujourd’hui revendiquée, nous invite à un double positionnement.
D’un point de vue strictement temporel, Dieu a rejeté l’islam (en tant que descendance, non les personnes comme êtres humains), à travers Agar. Or qu’a fait Agar qui lui a valu cet exil, sinon de refuser de demeurer à sa place de servante. A la différence de Marie qui enfante le Verbe, parce qu’elle est l’humble servante, Agar tente de se mettre à la place de la maîtresse, refusant ainsi et sa condition et la volonté divine. Il y a chez Agar une rébellion qui l’exclut d’elle-même de la Promesse divine. Ce faisant, elle soustrait son propre fils et toute sa descendance de l’héritage abrahamique. Or cet héritage est celui de la foi, c’est-à-dire de l’adhésion amoureuse et confiante en la volonté divine. Par là, Ismaël est voué à une autre soumission, celle du péché. En ce sens, Agar engendre bien un fils de servitude et de rébellion. La soumission de la descendance ismaélite est une soumission de type servile au prince du désert, puisque c’est là qu’Agar est envoyée. Or nous pouvons voir là une image du bouc émissaire, portant sur lui les péchés d’Israël, envoyé au désert, lieu de Satan. Symboliquement et prophétiquement, l’attitude d’Agar représente le refus de la volonté divine et son exil au désert, la mort du pécheur coupé de Dieu.
Nous pouvons noter au passage que Dieu ne laisse pas Agar sans réponse, comme il ne laisse aucun pêcheur sans rien tenter pour l’aider à retrouver le chemin de la vie. Cependant, Ismaël demeure la descendance exilée, archétype de toute personne refusant la volonté divine. Par ce refus, il campe le type même de la servitude enfermant ses descendants dans la soumission à l’Adversaire.
Aussi, du point de vue historique, autant que spirituel, l’islam s’inscrit dans la descendance de l’esclavage et de la soumission en exil, car refusant Dieu.
Cette rencontre entre ce passage de la Genèse et le nom choisi des siècles plus tard par ceux qui se reconnaissent fils d’Ismaël n’est pas sas laisser pantois. Dieu aurait-il « prophétisé » en Agar, l’islam ?
Du point de vue mystique et spirituel, il va sans dire que nous sommes tous parfois des fils de servitude dans notre comportement. Même rachetés par le Christ et à ce titre, héritiers de la Promesse et libérés, nous sommes bien souvent esclaves dans nos faits et gestes. Quotidiennement ne nous jetons-nous pas dans un désert en préférant notre volonté, en refusant Dieu, par mille petits détails de notre vie ?
Bien entendu il n’y pas de commune mesure entre les fils de servitude qui n’ont pas été rachetés par l’eau baptismale, plongés dans le sang de la croix et nos esclavages d’enfants prodigues, mais la même mort au désert guette cependant celui qui refuse Dieu et se livre ainsi au pouvoir du démon.