Pour la reprise du cycle des visites ad limina, après une année d’interruption due au Jubilé de la Miséricorde, le Pape François reçoit cette semaine les évêques d’Irlande, pays de tradition catholique mais marqué actuellement par une forte sécularisation. La conférence épiscopale d’Irlande a pour particularité de relier les diocèses de la République d’Irlande et ceux de l’Irlande du Nord, territoire sous souveraineté britannique. Le rôle de l’Église dans le processus de paix devrait donc également être abordé lors de ces échanges avec le Pape.
L’Irlande est une terre paradoxale, marquée par un attachement populaire encore profond vis-à-vis du catholicisme, mais aussi par une crise de confiance liée à de nombreux scandales d’abus sexuels. En 2009 et 2010, des rapports ont mis en lumière la mauvaise gestion de ces affaires dans de nombreux diocèses d’Irlande et dans certaines communautés religieuses. Le traumatisme a été profond, mais une lettre de Benoît XVI avait alors permis de crever l’abcès, et actuellement, la presse, l’opinion publique et le gouvernement semblent porter un regard positif sur l’action du Pape François dans la lutte contre les abus. La République d’Irlande a rouvert en 2014 son ambassade à Rome près le Saint-Siège après trois ans de fermeture.
En 2018, le Pape François devrait se rendre à Dublin à l’occasion de la Rencontre mondiale des familles. Il serait seulement le deuxième Pape à se rendre dans ce pays, près de 40 ans après saint Jean-Paul II qui y avait effectué l’une de ses premières visites à l’étranger, dès 1979. Devant des foules immenses, le Pape polonais avait alors véhiculé un message de paix et de réconciliation, mais sans pouvoir se rendre dans la province d’Ulster, alors en proie à la violence. En 1988, lors de son discours au Parlement européen à Strasbourg, Jean-Paul II avait d’ailleurs été agressé verbalement par le révérend Ian Paisley, leader protestant unioniste, qui avait qualifié le Pape « d’antéchrist » avant de se faire expulser de l’hémicycle. Mais ce même Ian Paisley, devenu Premier ministre de l’Irlande du Nord 20 ans plus tard, a apporté des avancées décisives pour la paix en formant un gouvernement d’union avec le leader catholique Martin McGuiness.
Face à la violence de l’IRA et des groupes paramilitaires unionistes, les évêques d’Irlande ont toujours bataillé pour que la réconciliation s’opère entre les communautés catholiques et protestantes. Une étape du Pape en Irlande du Nord en 2018 apparait désormais possible : son message de miséricorde pourrait y être reçu avec bienveillance.
Lu sur Radio Vatican(CV-MA)
Notre photo Saint Patrick prêchant devant les rois (cathédrale de Carlow, vitrail de Franz Mayer). Auteur de la photo : Andreas F. Borchert.