Le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État du Saint-Siège, s’est exprimé sur la diplomatie vaticane aux lendemains de la Grande Guerre, lors d’un colloque international sur le Saint-Siège et les catholiques dans l’après-guerre (1918-1922), mercredi 14 novembre 2018 à l’Université pontificale du Latran à Rome.
«La chute de l’empire austro-hongrois est à la fois effrayante et admirable. Sa mission historique était terminée. C’est l’aube d’une nouvelle époque, sans empire turc, sans empire autrichien, sans empire russe. La situation prend une toute nouvelle tournure, mystérieuse, qui attire l’attention de l’historien et du philosophe (…) Ce monde qui se profile, s’il est différent, n’en est pas moins intéressant (…)».
Prononcées à l’automne 1918, ces paroles du jeune diplomate italien Ermenegildo Pellegrinetti, futur nonce apostolique à Belgrade et futur cardinal, reflètent l’atmosphère emplie d’appréhensions et d’attentes qui régnait dans la diplomatie pontificale à la fin de la Première Guerre mondiale, commence par évoquer le cardinal secrétaire d’État du Saint-Siège, Pietro Parolin.
L’aube d’une nouvelle époque
«Il y avait alors une conscience aigüe d’assister à des bouleversements historiques d’une profondeur sans précédent, mais aussi, se faisait sentir un optimisme catholique prêt à s’ouvrir à de nouvelles voies, ce qui aurait pu mettre en mouvement les certitudes d’hier et créer des défis pour demain, mais également ouvrir de nouvelles perspectives pour la mission de l’église», relève le cardinal secrétaire d’État.
Ce nouvel ordre qui se profilait à l’horizon pourrait devenir à la fois «une promesse et une garantie de bonne entente et de liberté honnête, ou un instrument de la pire des tyrannies selon que soient suivis des principes purement chrétiens ou d’une laïcité athée et incroyant», avertissait alors L’Osservatore Romano du 1er janvier 1919.
Les négociations de paix
La première étape fondamentale sur ce chemin a été la paix, note donc le cardinal italien. «Si les négociations de paix se sont déroulées sans la participation du Saint-Siège, exclu par l’article 15 du pacte de Londres, Benoît XV n’avait pas abandonné les seuls outils qui lui restaient pour intervenir: une parole publique pastorale, la mobilisation de l’opinion publique catholique et la présence au moins officieuse de ses représentants diplomatiques», relate-t-il.
Aussi, à propos de la nouvelle Société des Nations, «son caractère universel et son objectif de paix ressemblaient trop aux propositions de Benoît XV lui-même (désarmement, sécurité collective, arbitrage obligatoire) afin de ne pas attirer sa bienveillance»… Mais les influences de la franc-maçonnerie internationale en eu raison, poursuit le cardinal Parolin, ajoutant que l’exclusion du Pape de cet organe international ne pouvait que susciter des réserves et des distances, sans empêcher cependant que les diplomates du Saint-Siège n’en soutiennent certaines initiatives ponctuelles.
L’effondrement des Habsbourg
Enfin, remarque le cardinal Parolin, l’un des plus grands défis de la diplomatie pontificale d’après-guerre, a été l’effondrement de la monarchie pluriséculaire des Habsbourg d’Autriche-Hongrie.
Quelques jours seulement après l’armistice, le Pape a ainsi chargé son chef de la nonciature apostolique à Vienne, Mgr Teodoro Valfrè di Bonzo, de «nouer des relations amicales avec les diverses nationalités de l’ancien empire austro-hongrois».
Le péril rouge
Pas moins dramatiques étaient les défis causés par la révolution bolchevique en Russie, qui a fait disparaître le gouvernement tsariste en le remplaçant «par un régime oppresseur et ennemi de la loi divine et naturelle». Le christianisme en Union soviétique resta l’une des préoccupations majeures du XXe siècle, soutient le cardinal Parolin.
En simples termes arithmétiques en revanche, en septembre 1914, le Saint-Siège avait des relations diplomatiques avec 17 états. En janvier 1922, le nombre de partenaires diplomatiques était passé à 27, relève enfin le Secrétaire d’État.
Source : Vatican News