Inquiétante confusion des “genres” dans l’Eglise des Philippines

Inquiétante confusion des “genres” dans l’Eglise des Philippines

L’opposition de l’Eglise des Philippines au projet de mariage gay du président Duterte, a soulevé un voile opaque dans cette Eglise. L’homosexualité des prêtres n’est plus un scoop et le cardinal Ratzinger dans les années 90 avait demandé la plus grande vigilance à ce sujet dans l’admission des candidats au sacerdoce. Néanmoins, nombre de séminaristes ont préféré cacher leur tendance homosexuelle à leur supérieur afin de pouvoir être ordonnés. Au-delà la chasteté que peuvent tout à fait vivre ces prêtres, se pose tout de même la question du mensonge à la base de leur ordination. Si le mensonge est cause d’invalidité d’un mariage qu’en est-il du sacerdoce ? Qu’en est-il d’une manière générale des fruits d’un ministère reposant sur un mensonge, que ce soit sur sa sexualité ou sur des doubles vies cachées ?

Secouée par des scandales de pédophilie à répétition, l’Eglise, notamment en l’année du sacerdoce, a vécue une véritable épreuve de purification qui ne pouvait qu’être salvifique. Néanmoins, le malaise demeure quant à l’orientation sexuelle des prêtres, autre sujet tabou. La presse philippine s’est fait l’écho de plusieurs cas de prêtres homosexuels, ordonnés en ayant caché leur homosexualité. Ils seraient, selon l’un d’entre eux, témoignant anonymement, nombreux.

Peu importe le nombre finalement quand la question même de la vérité de leur vocation est en jeu. Peut-on être dans la volonté de Dieu quand on utilise les procédés du démon, car ne pas venir à la lumière est bien son oeuvre. C’est aussi vouloir forcer la main de Dieu en pipant les dés. On imagine mal Dieu appeler des prêtres en les obligeant à mentir pour pouvoir être ordonnés.

Au-delà de ces considérations, le problème est plus grave encore quand on s’arrête au discours de la hiérarchie.  Je passe sur le discours alambiqué et gêné du P. Eduardo Apungan, missionnaire clarétain que rapporte EDA et qui tente un grand écart peu confortable entre ce que pourrait faire un homme sans la nécessaire obéissance à la doctrine de l’Eglise, doctrine qui assure sa continuité.

La déclaration de l’évêque auxiliaire de Manille introduit un trouble et un malaise à plusieurs niveaux.

Interrogé sur le cas du P. KJ qui volontairement n’a pas mentionné son homosexualité à l’entrée au séminaire, Le P. Apungan précise : « Si un prêtre admet qu’il est homosexuel, l’Eglise ne le condamnera pas pour avoir dit la vérité. Mais le prêtre en question ne doit pas commettre d’offense violant la loi de l’Eglise (…) Il doit rester fidèle à son vœu de chasteté et de célibat (…) » Mgr Broderick Pabillo, évêque auxiliaire de Manille, partage le même avis : « Aucun genre n’est prérequis pour servir Dieu mais l’Eglise doit rester ferme sur ses propres lois, lesquelles assurent les fondations de l’Eglise et sa longévité depuis plus de 2 000 ans ». A propos du P. KJ, le prélat déclare : « S’il est homosexuel et chaste, cela ne doit pas poser problème. »

 

Une fois ordonné, il est évident que si l’Eglise ne considère pas qu’il y a, comme dans le mariage, un dol, le prêtre se doit, comme n’importe quel prêtre, au célibat et à la chasteté et bien entendu doit, pour rester fidèle à la foi catholique, conserver et enseigner la doctrine de l’Eglise y compris en ce qui concerne l’homosexualité.

Lorsque l’évêque explique “qu’aucun genre n’est prérequis pour servir l’Eglise”, on se demande ce qu’il comprend du mot genre. En rigueur de terme, genre n’est pas une qualification sexuelle, on est homme ou femme et il se trouve que pour le sacerdoce, il faut être homme. Mais, il semble que le sens entendu par le prélat soit plutôt celui imposé par le gender et ouvre largement à l’orientation sexuelle, transsexualité comprise. Alors la question se pose. L’Eglise peut elle ordonner un transsexuel ? Dans ce cas, on ordonnerait un homme devenu femme ou une femme devenue homme ?  Il y a bien un prérequis à l’ordination (non au service en général de Dieu) et ce prérequis est masculin, dans le don que Dieu a fait de cette masculinité.

Enfin, un autre doute plane dans les propos épiscopaux. La doctrine de l’Eglise est-elle là seulement pour assurer la pérennité de l’Institution ? Cette doctrine n’est-elle pas plutôt l’expression de la révélation divine ?

 

 

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