« Je vous demande de prier pour moi afin que le processus judiciaire soit équitable et transparent, et j’espère laisser ce trouble derrière moi le plus rapidement possible. Ainsi, je pourrai utiliser mon temps pour mieux servir les habitants de Jakarta. »
Ahok, chrétien et Gouverneur de la capitale du plus grand musulman du monde, n’en finit plus de faire face à l’hostilité des islamistes qui exigent sa condamnation pour blasphème. Les manifestations se succèdent, et la justice est saisie de l’affaire.
C’est dans ce contexte de tensions croissantes que des millions de citoyens de tous le pays, appartenant à toutes les communautés religieuses, ont symboliquement partagé une grande « prière pour l’unité », le 30 novembre, descendant dans la rue pour lancer un message de paix, en revêtant des bandes de tissus rouges et blanches – couleurs nationales de l’Indonésie. L’initiative arrivait deux jours avant la nouvelle manifestation organisée par des groupes radicaux islamiques demandant au gouvernement et à la magistrature d’arrêter le gouverneur chrétien de Djakarta, Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, accusé de présumé blasphème.
Activistes, responsables religieux, artistes, musiciens, fonctionnaires, étudiants, militaires et représentants de la communauté chrétienne – prêtres, religieux et laïcs – se sont unis à la manifestation. De nombreux responsables religieux de l’Eglise catholique ont participé à cet événement.
« Nous revêtons des bandes de tissus rouges et blanches et nous prions pour la paix en Indonésie » a déclaré le Général Gatot Nurmantyo, l’un des organisateurs de la manifestation, au cours de la manifestation qui a traversé le centre de Djakarta, sur les lieux mêmes où manifesteront les groupes radicaux islamiques le 2 décembre. La manifestation a été ponctuée par des prières, des chants, des danses, des discours, tous centrés sur le thème de l’unité dans la diversité et sur l’urgence de construire la paix et le bien du pays.
Mgr Agustinus Tri Budi Utomo, vicaire général du diocèse de Surabaya, capitale de la province de Java Est, remarque que « l’Eglise catholique exprime sa préoccupation pour l’unité de la nation et confirme son soutien à la Constitution et aux principes de la démocratie ». A Surabaya, où environ 10.000 personnes sont descendues dans les rues, de nombreux chrétiens participaient au cortège. « Il est nécessaire d’être forts et libres de la peur, face à la vérité et à la justice » remarque le vicaire général.
Reconnaissant la présence de nombreux catholiques, le père Budi Utomo a expliqué que l’expérience de ce cortège, diffusé de manière capillaire sur tout le territoire national, « est intéressante pour tester la consolidation de la démocratie en Indonésie et la conscience de ces valeurs dans la vie de la population indonésienne. La population a confirmé son soutien à l’armée et à la police, afin qu’elles sauvegardent le pays ».
A Bandung, capitale de la province Java Ouest, les personnes descendues dans les rues étaient au nombre de 15.000. Le cortège s’est conclu par une prière commune conduite par six responsables religieux, représentant le catholicisme, le confucianisme, l’hindouisme, le bouddhisme, le protestantisme et l’islam. Tous ont prié pour l’unité de la nation. En parlant à Fides, le Vicaire général du Diocèse de Bandung, le Père Yustinus Hilman Pudjiatmoko, a rappelé les paroles d’une chanson écoutée durant la manifestation, chanson qui invitait à « construire l’âme et le corps de la grande Indonésie ».
Sources : Agence Fides et Infochrétienne