Réaffirmer la devise de l’Indonésie – Unité dans le diversité – et la base solide de la nation, à savoir le Pancasila (c’est à dire La charte des cinq principes) : c’est dans ce but que des citoyens indonésiens de toute religion sont descendus dans les rues ces derniers jours à Djakarta et à Semarang, les deux plus grandes villes de l’île indonésienne de Java. Revêtant des habits traditionnels blancs et rouges, couleurs nationales de l’Indonésie, des milliers de personnes ont défilé le 19 novembre dans les rues de la capitale. La manifestation était motivée par le récent épisode dans le cadre duquel une bombe avait explosé devant une église de Samarinda – en Papouasie indonésienne – et par la tentative de polariser la nation, suite aux faits reprochés au gouverneur de Djakarta, le chrétien Basuki Tjahaja Purnama, surnommé Ahok, accusé de blasphème.
Le cortège a été animé par des prières interconfessionnelles, par de la musique et des anomations artistiques traditionnelles, alors que tous ont tissé les louanges de la Bhinneka Tunggal Ika, devise officielle de l’Indonésie qui, en langue javanaise signifie “Unité dans la diversité”. Au cortège, ont participé des prêtres, des religieux et des fidèles que l’Archevêque de Djakarta, S.Exc. Mgr Ignatius Suharyo, avait sollicités pour « soutenir le Pancasila et prier pour la patrie ».
Le clou de la manifestation a été le moment de silence au cours duquel tous les manifestants de toutes les religions ont prié personnellement, invoquant la tolérance et la paix pour la nation. Après la prière, le comité organisateur, composé de différents organismes de la société civile, a lu une déclaration commune suivie par un lâché de cinq colombes, symboles de paix. « Certains groupes et mouvements entendent ouvertement remplacer le Pancasila et visent à détruire le pays » indique le texte, réaffirmant « la lutte contre la violence au nom de la religion ».
Le Père Simon Petrus Lili Tjahjadi, recteur de la Faculté de Philosophie de l’Université Driyarkarade Djakarta explique que « la préoccupation pour le bien commun de l’Indonésie est aussi la nôtre. C’est là la preuve de notre engagement pour protéger l’identité profonde de l’Indonésie, qui est pluraliste ».
Des centaines de milliers de personnes, guidées par des groupes musulmans radicaux, avaient organisé une manifestation le 4 novembre dernier, demandant au gouvernement d’inculper le gouverneur de Djakarta de blasphème. Le 16 novembre, la police a officiellement inculpé Ahok de blasphème, annonçant qu’il sera traduit en jugement. Les groupes musulmans radicaux ont organisé une nouvelle manifestation de masse pour demander à la police de procéder à l’arrestation du gouverneur.
L’intolérance instiguée au sein de la société a poussé des citoyens indonésiens à descendre dans la rue également à l’occasion de la Journée internationale pour la tolérance, le 18 novembre, en une manifestation pacifique qui a fait les éloges du pluralisme et du respect de la diversité s’étant tenue à Semarang, capitale de la province centrale de Java. Ainsi que l’a appris Fides, le cortège a lancé un appel à rejeter toute forme d’intolérance et de discrimination fondée sur la religion, l’ethnie, la race, la couleur de peau, le sexe et les opinions politiques. En deuxième lieu, le texte demande à l’Etat de jouer un rôle actif afin de bloquer les groupes violents et intolérants y compris en agissant sur les réseaux sociaux afin de conserver l’harmonie au sein de la nation indonésienne.
Le Président de la Commission pour l’œcuménisme du Diocèse de Semarang, le Père Aloysius Budi Purnomo, déclare :
« Nous, chrétiens indonésiens, avons la mission de diffuser une nouvelle conscience pour construire la civilisation de l’amour, afin de créer une société prospère, digne et harmonieuse, qui bénéficie à tout citoyen, indépendamment de sa religion. Etudiants et jeunes constituent des éléments importants pour devenir une force active contre la violence et l’intolérance. Jeunes et étudiants ont la mission de construire et de renforcer l’harmonie, la paix et la fraternité dans ce pays, sans jamais baisser les bras ».