La ministre indienne de la Femme et du Développement de l’enfant, Maneka Gandhi, a ordonné, le 16 juillet, l’inspection de tous les centres d’accueil pour enfants gérés par les Missionnaires de la Charité, l’ordre fondé par sainte Mère Teresa, après l’accusation d’adoption illégale contre une religieuse de Ranchi, dans l’État du Jharkhand. Des groupes hindous ont également lancé une campagne afin de demander de retirer la distinction civile Bharat Ratna, la plus haute délivrée en Inde et qui a été accordée à Mère Teresa, si les accusations sont prouvées. La Conférence épiscopale a pris la défense de la congrégation en affirmant qu’il s’agit d’une tentative de manipuler l’affaire pour s’en prendre aux catholiques.
Depuis le 4 juillet, les Missionnaires de la Charité sont dans la tourmente, en Inde, suite à l’arrestation d’une religieuse, sœur Concelia Balsa, et de l’assistante sociale Anima Indwar, du centre d’accueil pour mères célibataires de la congrégation à Ranchi, dans l’État du Jharkhand. Le 16 juillet, la ministre indienne de la Femme et du Développement de l’enfant, Maneka Gandhi, a ordonné, le 16 juillet, l’inspection de tous les centres dans le pays. Sœur Concelia Balsa et Anima Indwar ont été arrêtées suite à la plainte d’un couple sans enfants auprès du Comité de protection de l’enfance de l’État, accusant Indwar d’avoir pris de l’argent en l’échange d’un bébé, sans donner l’enfant. Elles sont également accusées d’avoir déjà vendu trois bébés du centre auparavant. Anima Indwar aurait confessé à la police avoir pris de l’argent.
« Nous coopérons pleinement avec les enquêtes et nous sommes ouverts à toute requête libre, impartiale et juste », a déclaré sœur Mary Prema Pierick, supérieure générale de la congrégation, le 17 juillet. Elle a ajouté qu’Indwar, qui travaillait pour le centre depuis six ans, avait toute la confiance de sœur Concelia, directrice de la section du centre pour les mères célibataires. Les religieuses, quand elles étaient surchargées de travail, autorisaient Indwar à accompagner les mères célibataires au bureau du Comité de protection de l’enfance de l’État afin d’y amener leur bébé. Les religieuses n’avaient pas le moyen de vérifier que le bébé avait bien été remis au Comité car dans la pratique, celui-ci ne reconnaît pas la garde des enfants des mères célibataires, explique sœur Prema.
Selon les médias, Indwar aurait déclaré que la mère de l’enfant et un garde du centre ont pris de l’argent pour vendre le bébé en question. « Nous avons toute confiance en la justice et envers les responsables de l’enquête, nous sommes convaincues que la justice prévaudra », a ajouté sœur Prema. Le père Peter Martin, un avocat qui assiste la Congrégation, explique que la décision fédérale d’inspecter tous les centres des Missionnaires de la Charité est la dernière « d’une série d’enquêtes que nous subissons ». Le chef de la police de l’État, D.K. Pandey, a écrit au secrétaire d’État fédéral à l’Intérieur le 11 juillet, lui demandant de geler les comptes bancaires de la Congrégation afin de faciliter l’enquête.
Au service des plus pauvres gratuitement et sans réserve
Par ailleurs, les responsables de groupes hindous ont lancé une campagne contre Mère Teresa et contre la congrégation. Selon Rajiv Tuli, à la tête du puissant groupe hindou RSS (Rashtriya Swayamsevak Sangh), a déclaré que si les faits étaient prouvés, le Bharat Ratna, la plus haute distinction civile délivrée en Inde – accordée à la sainte –, devrait lui être retirée. « Les citoyens indiens ne voudraient pas que l’honneur du Bharat Ratna soit entaché », a poursuivi Tuli, le chef du RSS de Delhi, dont le groupe est connu comme le « moteur » du gouvernement du premier ministre, Narendra Modi. La demande de Tuli a été soutenue par le parlementaire Subramanian Swamy, dirigeant du Bharatiya Janata Party (BJP). « S’il y a de multiples exemples de criminalité liés à Mère Teresa, pourquoi devrait-elle être célébrée en tant que prix Nobel ? », a-t-il demandé.
« Le monde entier connaît tout le bien qu’a fait Mère Teresa pour l’humanité, en particulier pour les pauvres », a déclaré Mgr Vincent Barwa de Simdega, président du bureau pour les populations indigènes de la conférence épiscopale. Abraham Mathai, ancien vice-président de la Commission pour les minorités de l’État de Maharashtra, affirme qu’« au plus, les religieuses sont coupables de naïveté et d’excès de confiance », et que les accusations d’adoption illégale des médias et de la police sont « ridicules et éhontées ».
Pour la conférence épiscopale indienne, le gouvernement fédéral, dirigé par le BJP, exploite l’affaire pour ternir l’image des Missionnaires de la Charité et de toute la communauté chrétienne. « Beaucoup de mythes sont répandus, l’information est déformée, de fausses nouvelles sont diffusées et des sous-entendus sans fondement sont lancés contre les sœurs de Mère Teresa », a dénoncé sœur Prema. La congrégation fondée par Mère Teresa en 1950 compte aujourd’hui 5 167 membres, qui servent auprès de 760 centres dans 139 pays, dont 244 en inde. La congrégation « s’engage à continuer son service auprès des plus pauvres d’entre les pauvres gratuitement et sans réserve », malgré « les critiques sans précédents et sans fondements auxquelles elle fait face aujourd’hui ».
Source: Eglises d’Asie