Le 2 mars 1939, à très exactement 63 ans, le cardinal italien Eugenio Pacelli était élu pape sous le nom de Pie XII. A la mort de son prédécesseur, le pape Pie XI, il semble le papabile le plus probable. Le défunt pontife lui-même avait laissé échapper quelques mots : “Il sera un beau pape !” De fait, c’est à peine 24 heures après le début du conclave que le cardinal Pacelli remporte une large majorité des scrutins. Il choisit le nom de Pie, dans la continuité de son devancier, pour l’un des pontificats les plus difficiles et les plus dramatiques des deux derniers millénaires.
Pie XII le Vénérable : diplomate, érudit et saint
L’intronisation du pape Pie XII intervient quelques mois seulement avant les débuts de la Seconde Guerre mondiale. Grand diplomate, le conflit est l’objet de sa toute première encyclique, Summi Pontificatus, dans laquelle il dénonce l’engrenage de la guerre et invite à prier pour que la tempête se calme. Avec tous les moyens mis à sa disposition, l’évêque de Rome tente autant que possible de soulager les misères causées par la guerre, tant en Italie qu’à l’étranger. Il inculpe à plusieurs reprises le nazisme despotique et violent et accomplit de précieuses œuvres de charité envers les victimes.
À peine le conflit terminé, c’est au communisme que le pape doit maintenant s’attaquer. Il déplore l’absence d’une pacification totale. Le communisme, tout comme le nazisme, ne peuvent être considérés comme des étapes nécessaires dans le cours de l’Histoire, clame-t-il dans ses nombreux messages radiophoniques et écrits de l’après-guerre. Il blâme les déportations et les exécutions des prêtres et des civils innocents, perpétrés par les communistes.
Pie XII suit aussi très attentivement les évènements scientifiques de son temps. Dès les débuts de son pontificat, il exalte le progrès comme “un don de Dieu”, tout en invitant les utilisateurs et les savants à surveiller attentivement les dommages qui pourraient en résulter, notamment concernant la foi et l’intégrité morale du peuple chrétien. Il est le pape de la communication, et devient un utilisateur expert des messages radio, qu’il substitue souvent aux textes écrits, notamment durant la guerre. Il salue avec joie l’avènement de la télévision, au début des années 1950.
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Pie XII est un grand dévot de la Vierge Marie. Il proclame, au cours de l’Année Sainte, le 1er novembre 1950, le dogme de l’Assomption. Parmi ses encycliques les plus marquantes, on retient Mystici corporis Christi, qui explicite la nature de l’Eglise comme corps mystique du Christ, mais aussi Divino afflante Spiritu, qui permet l’utilisation de méthodes modernes pour l’analyse historique et l’exégèse de l’Ecriture Sainte. Pasteur d’une période historique extrêmement mouvementée et difficile, il est défini comme “le pape de l’humanité souffrante”. Son pontificat est marqué par 33 canonisations, notamment celles de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort, Sainte Catherine Labouré, Sainte Jeanne de France, Sainte Maria Goretti, Saint Dominique Savio et le pape Saint Pie X.
De santé fragile, il meurt à Castel Gandolfo le 9 octobre 1958, à l’âge de 82 ans. Son corps repose dans les grottes du Vatican, tout comme la longue lignée qui le précède. Il est déclaré vénérable par le pape Benoît XVI le 19 décembre 2009.
Le pape Pie XII a fait l’objet de nombreuses adaptations cinématographiques, et apparaît notamment dans Pie XII, sous le ciel de Rome, de Christian Duguay, et dans La Pourpre et le Noir de Jerry London, inspiré par l’histoire vraie du prêtre Hugh O’Flaherty.