Le 9 octobre 2022, sur l’esplanade de la basilique Saint Pierre, le pape François canonise Artemide Zatti, frère salésien et disciple de Saint Jean Bosco, grand serviteur des malades et des pauvres, “saint infirmier de la Patagonie”, “parent de tous les pauvres”.
Au service des “Jésus” de son temps
Tout comme l’était Don Bosco, Artemide Zatti est italien. Il naît en 1880, à une dure époque, où l’Italie est en grande crise agricole. La misère touche beaucoup de paysans et le chômage est grandissant. A l’âge de 9 ans, le petit Artemide est employé comme garçon de ferme dans une riche exploitation de sa région de naissance, pour aider sa famille. Son oncle presse les Zatti d’immigrer en Argentine, à son exemple, car “ceux qui y travaillent on de quoi vivre”. En 1897, le père d’Artemide se décide et emmène les siens en Amérique. Il parvient à monter un petit étal au marché tandis que son fils travaille dans un hôtel, puis dans une briqueterie.
La famille Zatti est très pieuse et confiante en la Sainte Providence. Leur paroisse de Bahia Blanca est alors tenue par les salésiens, disciples de Don Bosco arrivés dans le pays 22 ans auparavant. Artemide propose son aide au curé et l’accompagne auprès des malades. Bientôt, sa vocation se fait jour, il se fera salésien.
De santé fragile, on envoie la jeune recrue à Viedma, où l’air est plus sain. Cependant, la ville fait peine à voir. Elle est un amas de baraques pitoyables où s’entassent aventuriers et soldats à la merci des épidémies. Seule une maigre maison de santé missionnaire tenue par un salésien tente de minimiser les dégâts. Le mode de fonctionnement est particulier : pour leurs remèdes, les riches paient le double et les pauvres ne paient rien. Guéri, Artemide fait la promesse au Ciel de consacrer sa vie au service des pauvres et des malades.
Au terme de mûres réflexions, il renonce à devenir prêtre mais choisit l’état de frère coadjuteur. Il se met alors au service de la pharmacie et de l’hôpital de Viedma, avec un dévouement incontestable. Son action ne se limite pas à la petite ville où il loge mais on le voit aussi traverser le Rio Negro pour se rendre sur l’autre rive, où les besoins sont tout aussi pressants. Se confiant en la Providence divine, il mendie et parvient à bâtir un nouvel hôpital. Un jour, un pauvre en guenilles se présente et Artemide frappe alors aux portes pour demander le plus bel habit “pour le Seigneur”.
La renommée d’Artemide Zatti est de plus en plus grande et les malades viennent de loin. Sa réputation a raison de sa santé, et il meurt d’épuisement le 15 mars 1951.