Par 18h20, lundi-saint.
Dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, la messe du soir rassemble quelques fidèles ayant achevé à temps leur journée de travail. Dehors, les Parisiens flânent sur les quais de Seine ou rejoignent les terrasses ensoleillées.
Un message de détresse automatique résonne dans l’édifice, et contraint les visiteurs et les dévots à quitter précipitamment les lieux. En effet, un signal s’est déclenché, avertissant d’un départ de feu dans “la forêt”, l’imposante charpente de bois que surmonte la flèche, œuvre de Viollet-le-Duc. Croyant tout d’abord à une fausse alerte due à une anomalie du système de sécurité, le surveillant d’astreinte et le régisseur de la cathédrale grimpent au-dessus de la nef, pour constater, horrifiés, que les flammes sont déjà largement à l’œuvre.
Aussitôt, les pompiers sont alertés, et la caserne de Poissy est la première à arriver sur les lieux, peu avant 19h. Simultanément, une trentaine d’autres engins de la capitale et de ses environs sont déclenchés. Les premiers pompiers se glissent vers la charpente pour tenter d’enrayer l’incendie trop menaçant. Mais les flammes comment déjà à s’échapper du toit, alertant les passants qui se massent de plus en plus nombreux au pied de l’édifice millénaire.
Une heure plus tard, la flèche s’effondre sous les yeux atterrés de la foule en prière. Peu à peu, malgré l’énergie déployée par les 600 hommes sur place et leurs 18 lances à eau, le feu progresse, atteignant la tour nord.
Enfin, après une nuit plus qu’éprouvante, l’aube se pointe au matin du 16 avril, et avec elle les derniers jets d’eau sur les quelques braises encore vivantes. L’incendie est maîtrisé, Deo gratias.
L’incendie de Notre-Dame a entraîné l’effondrement d’environ 15% des voûtes, de la flèche, des deux tiers de la toiture, dont la charpente en bois de chêne datait de l’époque de la construction de la cathédrale, aux XIIe et XIIIe siècles. Plusieurs vitraux parmi les plus récents sont également fortement endommagés.
La plupart des trésors contenus dans cet écrin ont été préservés, dont la Couronne d’Epines, un fragment de la Croix, un clou de la Passion et la Chemise de Saint Louis, ainsi que d’autres reliques et des milliers d’œuvres d’art. La statue de la Vierge à l’Enfant, datant du XIVe siècle, et devant laquelle Paul Claudel s’est converti, n’a subi aucun dommage, et les tableaux accrochés dans la cathédrale n’ont pas été abîmés.
Le lendemain de l’incendie, le coq qui surmontait la flèche et qui renfermait une parcelle de la Couronne d’Epines, une relique de Saint Denis et une relique de Sainte Geneviève, est miraculeusement retrouvé parmi les décombres. Le maître-autel de la Pieta est également épargné.
