A la mort de cette petite fille de onze ans seulement, le 14 janvier 1922, les témoignages affluent, et le verdict est unanime : “C’est une sainte !”. En 1932, l’évêque d’Annecy ouvre son procès de béatification. C’est la première fois que l’Eglise doit juger de la sainteté d’une enfant qui n’est pas martyre. Le 3 mars 1990, le pape Jean-Paul II signe le décret reconnaissant l’héroïcité des vertus de la petite Anne, et la déclare vénérable.
“Une très grande âme pour une toute petite fille”
Très tôt, Anne révèle son caractère énergique et vif, ainsi que ses belles qualités de coeur et sa droiture. Cependant, dès les premières années, ses défauts se dévoilent, tels que l’égoïsme, la colère, l’autorité et la désobéissance. Ses parents, Jacques et Antoinette de Guigné, un couple très pieux implanté à Annecy, s’en inquiètent. Comment corriger une telle insolence chez cette petite fille de quatre ans ?
Un évènement tragique survenu dans la vie familiale provoque chez Anne une véritable conversion. Le 29 juillet 1915, Monsieur l’abbé Métral, curé d’Annecy, vient frapper à la porte de la demeure familiale, et apprend à Madame de Guigné que son époux, déjà blessé à trois reprises sur le front, ne reviendra plus. Face à son aînée âgée de quatre ans, la pauvre veuve implore : “Anne, si tu veux me consoler, il faut être bonne”. Une phrase qui marque le début de la lutte acharnée de l’enfant contre ses vices. Elle entame une lutte sans merci pour sa transformation intérieure, qu’elle gagne à force de volonté, mais aussi et surtout grâce à la prière et aux sacrifices qu’elle s’impose. Son amour pour sa mère est sa route vers le Bon Dieu. “Le secret de sa montée spirituelle : prière et volonté”, disait Mademoiselle Basset, son institutrice.
A partir de cet instant, la petite Anne vit une intense vie spirituelle. Sa première communion est à l’apogée de son chemin de conversion. Elle contamine bientôt de son grand bonheur intime ses proches et les personnes qu’elle côtoie et qu’elle rencontre.
Atteinte très tôt de rhumatismes, elle décide d’offrir ses souffrances et sa vie pour les pêcheurs. En décembre 1921, elle est douloureusement frappée d’une maladie cérébrale qui la force à s’aliter. Elle s’éteint doucement moins de deux mois plus tard, après avoir remercié la religieuse qui la veillait de lui avoir permis de rejoindre les anges.
Aujourd’hui, trois associations œuvrent pour perpétuer son souvenir, dont “Les amis d’Anne de Guigné” qui travaillent pour sa béatification.