Alors que s’achève le sommet du Vatican concernant les abus sexuels dans l’Eglise, il apparaît que les débats ont été menés principalement autour de la seule question des abus sur les mineurs.
Dans le discours final du pape, pas un seul mot n’est dit sur l’homosexualité. Ce qui est une erreur dramatique.
L’Eglise catholique possède une doctrine et une tradition bimillénaire. De Saint-Paul au Catéchisme de l’Eglise catholique actuelle, les débordements de la chair, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels, constituent une grave dérive. À plus forte raison, bien sûr, quand ils concernent des enfants. Et à plus forte raison, évidemment, s’ils concernent des membres du clergé mondial.
Le discours du pape est un invraisemblable mélange de lieux communs sur la pornographie, le tourisme sexuel, la faiblesse de l’homme et tant de choses encore. Fallait-il cette réunion au sommet pour expliquer des phénomènes que tout le monde connaît ?
En réalité, François aurait dû se contenter d’un discours de clôture de quelques lignes, indiquant que toute dérive de la chair de la part des membres de son clergé se traduirait immédiatement par une exclusion de l’Eglise catholique, quel qu’en soit le prix. Il aurait dû indiquer qu’un serment écrit serait envoyé dans les jours suivants à la totalité des cardinaux, des évêques, des prêtres et des religieuses, par lequel ces derniers promettraient la chasteté la plus absolue et accepteraient d’être réduits à l’état laïque au premier débordement (avec, éventuellement, des conséquences judiciaires).
Une telle façon de faire aurait été la seule façon de remettre en ordre de marche une Eglise catholique totalement déboussolée. Il n’est pas trop tard pour le faire : seule une opération « mains propres » permettrait de retrouver une espérance terriblement émoussée chez un nombre considérable de catholiques, et on les comprend. Les affaires Mc Carrick à répétition, toujours et partout, cela suffit : les catholiques du monde entier ne les supportent plus.
Un zoom particulier doit être fait sur la population homosexuelle de cardinaux, d’évêques ou de prêtres. Comme le fait remarquer le Dr. Christian Spaemann, interrogé il y a quelques jours par le site américain LifeSiteNews, professeur et psychiatre spécialiste de ces questions, c’est à la racine même de la relation homosexuelle qu’il faut s’attaquer, car les cas de pédophilie et de pédérastie sont beaucoup plus nombreux chez les homosexuels que chez les hétérosexuels : la fragilité et la mutabilité sont consubstantielles de la relation homosexuelle, parce qu’elle ne repose pas sur la complémentarité et l’altérité, et parce qu’elle fonctionne « comme un mécanisme de compensation contrôlant l’estime de soi et l’identité » propice au vagabondage et à l’errance.
L’homosexualité dans l’Eglise n’est pas une nouveauté : la merveilleuse sainte Catherine de Sienne le déplorait déjà. Ce qui est en revanche radicalement nouveau, c’est la prise ou la non prise en charge du problème par le sommet de la hiérarchie de l’Eglise, qui s’égare dans une approche totalement erronée du problème. Le discours venu d’en haut entretient une confusion manifeste, à rebours des siècles d’un enseignement constant en faveur, soit de l’union charnelle d’un homme et d’une femme dans le cadre du mariage, soit de la continence du consacré. L’exhortation apostolique Amoris Laetitia, en évoquant, aux côtés du cas des divorcés remariés, les « situations irrégulières » sans autre forme de précision (A L 305), a ouvert indéfiniment le champ des possibles : quid des relations hétérosexuelles hors mariage, mais quid aussi des relations entre clercs, et quid enfin des relations homosexuelles dans leur ensemble ?
Avec un tel arrière-plan pastoral, il devient extrêmement difficile, pour certains membres du haut clergé, de tenir le discours de condamnation sans concession que l’on pourrait légitimement attendre en réponse aux révélations des turpitudes d’un nombre non négligeable de prélats. Presque fatalement, l’argumentaire développé s’en tient à la condamnation consensuelle des abus sur les mineurs, qui ne fait pas polémique, et évite soigneusement d’aborder le véritable arrière-plan de ces abus. Cet arrière-plan a un nom : l’homosexualité. Ayons le courage de réaffirmer que le discours moral de l’Eglise du Christ, dans toute sa beauté et son exigence, n’a rien perdu de son actualité !
Renouvelons également notre immense amour et admiration envers la cohorte de cardinaux, d’évêques, de prêtres et de religieuses qui reste profondément pure d’âme, d’esprit, de cœur et de corps, et qui, envers et contre tout, supporte héroïquement la grande tempête que les hauts dignitaires de l’église se refusent d’appeler par leur nom. Au nom de la partie du peuple catholique qui pense que la Morale ne se partage pas, et que les positions actuelles des têtes de l’Institution sont souvent intenables, qu’ils soient infiniment remerciés. Ils sont, en quelque sorte, les héros et les saints du XXIe siècle.
François Billot de Lochner