Une visite aussi historique qu’inattendue dont il pourrait sortir du bien. On remarque, depuis peu, des craquements dans le royaume wahhabite aux prises avec une crise multiforme: économique, sociale et régionale. Il semble que les cartes soient en train d’être battues dans la région. Mais qui va prendre la main ?
Le cardinal Bechara Raï, patriarche maronite, vient d’annoncer qu’il se rendra en Arabie saoudite d’ici à deux semaines, en réponse à une invitation officielle du roi saoudien Salman et du prince héritier, le n° 2 du pays, Mohammad bin Salman. C’est la première visite historique d’un responsable ecclésiastique libanais dans le royaume wahhabite ultraconservateur qui, tout récemment, a lancé une série de réformes économiques et sociales. […] Dans un entretien accordé à la télévision d’État libanaise, le cardinal Raï a confirmé cette invitation venant des plus hautes autorités saoudiennes, et il a précisé « qu’aucune disposition particulière n’avait été exigée pour cette visite » qui « ne durera qu’un jour ». « Mon rôle, a ajouté le cardinal, n’est pas politique et tout le monde sait qui est le patriarche maronite. »
Ce responsable chrétien libanais se souvient que, dans le passé, en 2013, il avait reçu une invitation à se rendre à Riyadh de la part du précédent monarque, le roi Abdallah. Toutefois, cette visite ne put se faire, a-t-il ajouté, « pour un certain nombre de problèmes [non précisés] ». […] Une source officielle du patriarcat a raconté que « l’invitation a été transmise oralement » ces tout derniers jours au cardinal Raï par Walid Bhoukari, chargé d’affaires [de l’ambassade d’Arabie saoudite au Liban]. C’est une visite historique, souligne la source, qui, encore une fois, élève le rôle du Pays des Cèdres à « un message de pluralisme pour l’Orient et pour l’Occident » comme l’a souvent dit le pape Jean-Paul II en se référant à lui.
Le patriarche maronite et le Liban se sont proposés pour jouer le rôle de « pont » envers un monde arabe qui s’ouvre à la modernité dans un contexte régional marqué par les guerres – Irak, Syrie – et les tensions (Iran et Arabie saoudite, pays du Golfe et Qatar). Au cours de la visite éclair à Riyadh, le cardinal Raï devrait aussi soulever la question de Jérusalem et de la paix en Terre Sainte, un problème non résolu depuis des décennies et qui a provoqué toutes les autres crises qui sont caractéristiques de cette région.
AsiaNews, 3 novembre 2017 – © CH pour la traduction
Source Christianophobie Hebdo.
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