La conférence épiscopale du Rwanda a rédigé dimanche dernier une Lettre Pastorale à l’occasion de la clôture du Jubilé de la Miséricorde, survenue lors de la célébration de la fête du Christ-Roi. Cette lettre qui a été signée par tous les évêques et lue dans toutes les paroisses du Rwanda, demande pardon de tous les péchés commis dans le cadre du génocide de 1994 de la part des catholiques, tout comme des autres péchés commis par la suite.
Il apparaît aujourd’hui que le gouvernement rwandais a rejeté ces excuses, considérant qu’elles devraient venir directement du Vatican et les jugeant « profondément inadéquates ».
« Au vu de l’échelle à laquelle ces crimes ont été commis, des excuses de la part du Vatican seraient amplement justifiées », a soutenu le gouvernement rwandais dans un communiqué publié mercredi 23 novembre au soir, assurant que de telles excuses avaient déjà été présentées par l’Église catholique pour des crimes selon lui « de plus petite ampleur ».
« Elles permettent uniquement de mettre en lumière la distance qui sépare l’Église catholique d’une reconnaissance complète et honnête de ses responsabilités morales et légales », a estimé le gouvernement, regrettant par ailleurs que certains prêtres aient refusé, selon lui, de lire la lettre d’excuses.
Mgr Philippe Rukamba, président de la Commission épiscopale rwandaise, avait d’ailleurs précisé qu’il s’agissait d’une demande de pardon pour des individus et non pour l’Église en tant qu’institution. « L’Église n’a pas participé au génocide », avait-il affirmé, rappelant que l’Église catholique rwandaise avait déjà formulé des excuses similaires en 2000.
Depuis la fin du génocide, qui a fait 800 000 morts en 1994 selon l’ONU, essentiellement parmi la minorité tutsie, l’Église catholique a été à plusieurs reprises mise en cause pour sa proximité avec le régime hutu extrémiste de l’époque, et pour l’implication de prêtres et de religieux dans les massacres. Entre avril et juillet 1994, des églises ont notamment servi de centres d’exécutions.
Plusieurs prêtres, religieux et religieuses catholiques du Rwanda ont été jugés pour participation au génocide, principalement par les tribunaux rwandais, le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR) ou la justice belge. Certains ont été condamnés, d’autres ont été acquittés.
Environ la moitié des Rwandais sont aujourd’hui catholiques, alors que beaucoup se sont tournés depuis la fin du génocide vers les Églises pentecôtistes dites « de réveil ».