Le titre et la date de publication de la prochaine exhortation apostolique du Pape François ont été dévoilés par le Bureau de presse du Saint-Siège ce jeudi : “Gaudete et exsultate” est un document consacré à la sainteté, et sera rendu publique le lundi 9 avril 2018. L’occasion de revenir sur la vision générale du Souverain Pontife sur ce thème: la sainteté conçue comme un appel universel adressé à tout chrétien, et non pas simplement à une élite.
L’Église a besoin de saints, et non de superhéros. Depuis ses premiers pas lors de son élection au Siège de Pierre, le Pape François a souvent évoqué la sainteté de l’Église, et il a tracé non seulement le profil de ce qui caractérise le fait d’être saint, tout en indiquant aussi ce qu’un saint n’est pas. Le 2 octobre 2013, lors d’une audience générale, il avait souligné que l’Église «offre à tous la possibilité de parcourir la route de la sainteté, qui est la route du chrétien» vers la rencontre avec Jésus. L’Église, avait-il observé, «ne refuse pas les pécheurs», elle les accueille et les invite à se laisser «contaminer par la sainteté de Dieu». Au terme de cette catéchèse. Le Pape avait cité l’écrivain français Léon Bloy, qui affirmait, dans les derniers jours de sa vie, qu’il y a «seulement une tristesse dans la vie, celle de ne pas être saint».
Les saints ne sont pas des surhommes, mais des amis de Dieu
Les saints, avait souligné le Pape lors de sa première Toussaint, le 1er novembre 2013, sont «les amis de Dieu», parce que dans leur vie «ils ont vécu en communion profonde avec Dieu». «Les saints ne sont pas des surhommes, ils ne sont pas nés parfaits», avait insisté François. Les saints, avait-il rappelé, «sont comme nous, comme chacun de nous», ils ont vécu «une vie normale», mais ils ont «connu l’amour de Dieu» et ont «suivi avec tout leur cœur, sans conditions ni hypocrisie». Alors comment reconnaît-on leur sainteté ? «Les saints sont des hommes et des femmes qui ont la joie dans la cœur et la transmettent aux autres», avait expliqué le Pape. La joie est donc un trait distinctif des saints, en contradiction avec «la tête d’enterrement»qu’affichent certains chrétiens qui ne vivent pas bien leur foi.
Tous les chrétiens sont appelés à la sainteté, personne n’est exclu
Une autre caractéristique des saints est l’humilité. Lors de son homélie à la Maison Sainte-Marthe, le 9 mai 2014, François s’était arrêté sur la figure de saint Jean-Paul II. Il avait observé que «le grand athlète de Dieu» a fini «anéanti par la maladie. Humilié comme Jésus.» Le témoignage de Karol Wotyla a donc montré que la règle de la sainteté est de «diminuer pour que le Seigneur grandisse», et pour ceci, «notre humiliation» est nécessaire. L’image d’une personne avec des «superpouvoirs» est donc éloignée de la réalité de la sainteté. «La différence entre les héros et les saints, avait encore expliqué le Pape lors de cette homélie, c’est le témoignage, l’imitation de Jésus-Christ : aller sur la voie de Jésus».
Un autre thème qui tient particulièrement à cœur au Pape est «la vocation universelle à la sainteté». Il y avait dédié l’audience générale du 19 novembre 2014. «Tous les chrétiens, en tant que baptisés, ont une égale dignité devant le Seigneur et partagent la même vocation, qui est celle de la sainteté». Ceci, avait affirmé le Pape, «est un don qui est offert à tous, personne n’étant exclu, pour ce qui constitue le caractère distinct de chaque chrétien». François avait ajouté que «pour être saints, il n’est pas nécessaire d’être évêque, prêtre ou religieux». «Nous sommes tous appelés à devenir saints», avait-il insisté.
Les saints ont aussi leurs péchés, mais ils savent se repentir et demander pardon
François met en garde contre une imagerie statique et artificielle associée aux saints, car la sainteté est quelque chose de beaucoup plus profond, alimenté par des gestes, «de nombreux petits pas», que chacun peut accomplir là où il vit et travaille. «Chaque état de vie mène à la sainteté», affirme-t-il. Le 1er novembre 2015, lors de la messe de la Toussaint célébrée au cimetière du Verano, le Pape s’était arrêté sur «la route pour rejoindre la vraie Béatitude». Il avait observé que les saints sont doux et patients, suivant la voie de la douceur et de la patience parcourue par Jésus.
En 2016, le Saint-Père a abordé le thème à plusieurs reprises lors des messes à Sainte-Marthe. Le 19 janvier 2016, en évoquant dans son homélie la figure de David, il avait remarqué que dans la vie des saints il y a des tentations et des péchés. «La vie du roi d’Israël est éloquente : saint et pécheur. Il avait ses péchés, il a même été un assassin, mais à la fin il les a reconnus et il a demandé pardon» avait expliqué en François en remarquant «qu’il n’y a pas de saint sans passé, ni de pécheur sans futur».
Le 24 mai 2016, François avait rappelé que la sainteté ne peut s’acheter ni se vendre, mais qu’elle est un don à accueillir. «La sainteté est un chemin vers la présence de Dieu, et un autre ne peut pas le faire en mon nom. C’est un chemin que l’on doit faire avec courage, avec l’espérance et avec la disponibilité de recevoir cette grâce.»
Un Motu Proprio sur l’offrande de la vie, une voie de sainteté
Le Pape François a répété ces messages lors des 15 messes de canonisation qui se sont tenues depuis le début de son pontificat, dont les plus médiatisées furent celle de Jean-Paul II et Jean XXIII, en avril 2014, et celle de Mère Teresa, en septembre 2016. Et lors de la béatification de Paul VI, François avait souligné avant tout son humilité, la vertu propre des témoins et non des surhommes.
D’une façon significative, le Pape François a ouvert la voie à la béatification de ceux qui, poussés par la charité, offrent héroïquement leur vie pour le prochain. Son Motu Proprio de juillet 2017, Maiorem hac dilectionem, débute avec ces paroles de Jésus, tirées de l’Évangile de Jean : «Il n’est pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis.» Voici donc en définitive la vision de François sur la sainteté : «être ami de Dieu et du prochain jusqu’au don de la vie».