Les patients en phase terminale de cancer doivent faire face à des décisions difficiles : quelles options de traitement choisir pour atteindre leurs objectifs ? Quand est-il raisonnable de suspendre un traitement ? Une étude publiée dans The American Journal of Geriatric Psychiatry montre que ces patients pourraient être moins compétents pour prendre ces décisions que ne le pensent les médecins.
Elissa Kolva, chercheuse au Centre de cancérologie de l’Université du Colorado et professeure adjointe à la Division d’oncologie médicale de l’Université de Colorado, a rencontré « des patients qui ne savaient pas pourquoi ils étaient à l’hôpital ou qui avaient oublié ou qui ne savaient pas que leur cancer était si avancé. Or, ces patients étaient toujours responsables des grandes décisions à prendre les concernant ».
Pour s’assurer que le patient est apte à prendre les bonnes décisions, Elissa Kolva suggère d’utiliser quatre normes : le choix, la compréhension, l’appréciation et le raisonnement. L’étude montre que :
- 85,7% des patients atteints d’un cancer avancé ont été en mesure d’exprimer un choix de traitement (comparé à 100% des adultes en bonne santé).
- 44% des patients, mais seulement 8% des adultes en bonne santé, ont montré une mauvaise compréhension;
- 49% des patients, pour 8% des adultes en bonne santé, ont montré une diminution de leur appréciation;
- 85,4% des patients, contre 10% des adultes en bonne santé, ont montré un raisonnement avec facultés affaiblies.
Il apparait important d’évaluer la capacité d’un patient quand celui-ci exprime des préférences de traitement qui contredisent les recommandations des médecins, ou lorsque ses préférences montrent un changement radical par rapport aux préférences précédentes, par exemple lorsqu’un patient ayant exprimé le désir d’un traitement agressif décide d’interrompre ses soins.
Ces résultats invitent à beaucoup de prudence, notamment quand une personne en fin de vie réclame des solutions extrêmes comme l’euthanasie ou le suicide assisté. Dans ces situations, l’écoute et l’accompagnement du médecin, dont le rôle s’étend au-delà celui d’un prestataire de service chargé d’appliquer à la lettre les demandes d’un patient dont le jugement est altéré par la maladie, deviennent primordiale. Un devoir d’humanité qui est aussi la raison d’être de la médecine.