le 13 juin, nous avons fêté le centième anniversaire de la deuxième apparition de Notre-Dame à Fatima. Pour beaucoup, cette apparition est une des plus belles, car le message donné par Notre-Dame ce jour-là est vraiment d’une beauté et d’une richesse exceptionnelle et on ne se lasse pas de le méditer :
Jésus (…) veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône. (…)
Je ne t’abandonnerai jamais. Mon Cœur Immaculé sera ton refuge et le chemin qui te conduira jusqu’à Dieu.
Ces paroles si riches ont déjà été plusieurs fois commentées dans les lettres de liaison, notamment dans les lettres de liaison n° 4, et n° 5, pour montrer que c’est bien ce qu’a écrit Lucie dans son quatrième mémoire, ou encore dans la lettre de liaison n° 29 pour montrer qu’il s’agit réellement d’une volonté de Dieu Lui-même.
C’est également au cours de cette apparition que Notre-Dame apparût en montrant son Cœur entouré d’épines. Lucie dit dans son quatrième mémoire que « c’était le Cœur Immaculé de Marie, outragé par les péchés de l’humanité, qui demandait réparation. ». Tout ceci constituait ce que Lucie appelait le petit secret qui ne fut révélé qu’à partir de 1927 (voir lettre de liaison n° 28).
Ce 13 juin, nous avons également fêté le 88e anniversaire de la demande divine concernant la consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie. C’est en effet le 13 juin 1929, dans le couvent de Tuy où sœur Lucie faisait son noviciat que cette demande fut faite (voir lettre de liaison n° 39) :
Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Il promet de la sauver par ce moyen.
Un an plus tard, Lucie précisa à son confesseur, le père Gonçalvès, les conditions demandées par Dieu pour réaliser cette consécration (voir lettre de liaison n° 39) :
Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très Saints Cœurs de Jésus et de Marie, Sa Sainteté promettant, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice.
Cette date du 13 juin est vraiment une date bénie, car c’est également un 13 juin, en 1912, cinq ans avant les apparitions de Fatima, que le pape Pie X approuva officiellement la pratique des premiers samedis du mois et accorda une indulgence plénière applicable aux âmes du purgatoire à tous ceux qui accompliraient ce jour-là des exercices de dévotion en l’honneur du Cœur Immaculé de Marie et en réparation des blasphèmes dont son nom et ses prérogatives sont l’objet.
Ainsi, pour au moins trois raisons, la date du 13 juin est associée à la médiation de Marie : en 1912, le pape lui reconnaissait le pouvoir de délivrer les âmes du purgatoire. En 1917, Dieu Lui-même, par la voix de sa Mère, promit que quiconque embrassera la dévotion à son Cœur Immaculé sera sauvé. Enfin en 1929, Dieu demanda de passer par le Cœur Immaculé de Marie pour obtenir la paix dans le monde et la conversion de la Russie.
Toutes ces interventions du pape ou de Notre-Dame montrent que Dieu veut faire passer toutes ses grâces par les mains de sa Mère. Et il est extraordinaire de voir qu’en 1921, alors que le message de Fatima n’était pas encore connu, Benoît XV établit une fête de Marie Médiatrice de toutes grâces à la date du 31 mai, dernier jour du mois de Marie. Cette décision du pape est parfaitement conforme à l’esprit du message de Fatima. (Voir lettre de liaison n° 51) Or le pape n’avait aucunement la possibilité de s’appuyer dessus puisque ce point du message ne commença à être révélé qu’à partir de décembre 1927. Cette concomitance entre les apparitions de Fatima et l’instauration de la fête de Marie Médiatrice par Benoît XV est un signe que le Ciel voulait l’établissement de cette fête.
Benoît XV accorda cette fête en premier lieu à tous les diocèses de Belgique, puis de l’Espagne et enfin à tous ceux qui le demanderaient. Elle s’est ainsi propagée à de nombreux diocèses, ce qui fait que, dans la plupart des missels édités à partir de 1940, elle figure au supplément du propre des saints.
Malheureusement, elle est un peu tombée en désuétude de nos jours, car le 11 octobre 1954, par l’encyclique Ad Cœli Reginam, Pie XII institua la fête de Marie Reine demandant que ce jour-là la consécration du genre humain au Cœur Immaculé de Marie soit renouvelée. Malheureusement, pour cette fête, Pie XII choisit la date du 31 mai, ce qui fait que, depuis, la fête de Marie Médiatrice n’a plus de date propre dans le calendrier.
Cette notion de Marie Médiatrice est encore controversée de nos jours. Pourtant, elle a pour elle des témoignages solides. Léon XIII dans l’encyclique Octobri Mense du 22 septembre 1891 déclare :
Il est permis d’affirmer, que rien, d’après la volonté de Dieu ne nous est donné sans passer par Marie, de telle sorte que, comme personne ne peut s’approcher du Père tout-puissant sinon par son Fils, ainsi personne, pour ainsi dire, ne peut s’approcher du Christ que par sa Mère.
Et Pie XI dans la conclusion de l’encyclique Miserentissimus dit :
Par sa mystérieuse union avec le Christ et par une grâce particulière reçue de Lui, [la Vierge Marie] fut aussi réparatrice et est pieusement appelée de ce nom. (…) [le Christ], seul Médiateur entre Dieu et les hommes, a voulu cependant s’associer sa Mère comme avocate des pécheurs et comme dispensatrice et médiatrice de ses grâces.
Il n’y a donc qu’un seul médiateur entre nous et Dieu : c’est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui par les mérites de sa passion et de sa croix, nous vaut, si nous nous en repentons, l’effacement de tous nos péchés et nous permet ainsi d’espérer le Ciel. Mais, comme le dit le père Joseph de Sainte Marie : « L’unicité de la médiation du Christ (1 Tim 2 : 5) n’exclut pas d’autres médiations, dépendantes et subordonnées, mais les fonde et les appelle ». Et Dieu, par amour pour celle dont il a fait sa Mère, a voulu l’associer à cette médiation. Jusqu’à sa crucifixion, le Christ était l’unique dispensateur de tous ses dons. Mais après sa crucifixion, il Lui a plu de confier à sa Mère un pouvoir merveilleux, celui de dispenser à ses enfants de la terre toutes les grâces nécessaires pour se convertir et persévérer dans le bien. Ainsi, le Christ efface nos fautes et nous rend à l’amour divin et sa Mère nous donne les grâces pour persévérer dans cet état.
De la sorte, les deux cœurs de la Mère et du Fils sont unis dans un même but : la rédemption du genre humain. Tous les deux interviennent à leur façon pour nous conduire au Ciel, l’un en réparant, l’autre en distribuant les grâces et en fortifiant. Dans leur amour pour les hommes, les deux cœurs de Jésus et de Marie sont tout aussi unis qu’ils ne l’étaient lorsque l’Enfant-Jésus se développait dans le sein de la Sainte Vierge. Voilà pourquoi la dévotion au Sacré-Cœur et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie ne peuvent être dissociées. Fatima complète Paray-le-Monial..
Ainsi, c’est par Marie, et par elle seule, que nous pouvons être sauvés des périls qui nous menacent : face à l’enfer éternel, face à l’enfer temporel des guerres, des famines et des persécutions provoquées par les erreurs de la Russie, Dieu nous présente le Cœur Immaculé de Marie comme l’ultime recours et le moyen de salut par excellence. Marie est médiatrice de toutes les grâces de Dieu.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie.
Yves de Lassus
Source Cap Fatima 2017
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