Être scout : un atout pour réussir sa vie professionnelle ?

Être scout : un atout pour réussir sa vie professionnelle ?

Le scoutisme permet aux jeunes de développer des compétences prisées par les entreprises. Même s’ils doivent souvent faire un peu de pédagogie pour expliquer leur engagement aux recruteurs.

Les deux tiers des Français ont une image positive du scoutisme selon un sondage Opinion Way paru mercredi 9 mai. Même s’ils sont nombreux à reconnaître ne pas connaître les différences entre les mouvements scouts. Du coup, on s’est demandé comment les recruteurs percevaient cet engagement un peu particulier.

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En France, les clichés ne manquent pas sur les scouts, vus parfois comme trop cathos, traditionalistes ou militaires… Pourtant, il existe plusieurs dizaines de mouvements de scoutisme en France, avec des approches pédagogiques radicalement différentes et qui s’adressent à toutes les confessions : catholiques, protestants, musulmans, juifs, bouddhistes ou même laïques.

“Le risque, c’est de tomber sur un recruteur qui a une image assez négative du scoutisme”, explique Amaury Montmoreau, fondateur du cabinet de recrutement AJ Stage et lui-même ancien adhérent des Scouts Unitaires de France.

Un bon point commun
Pour autant, à l’image des autres recruteurs interrogés, il conseille quand même de ne pas hésiter à indiquer sur son CV que l’on est (ou que l’on a été) scout. En particulier pour les étudiants et jeunes diplômés qui ont souvent peu d’expériences à mettre en avant dans leurs candidatures pour un stage ou un job.

 

Devenir chef scout
“C’est vraiment un élément différenciant pour un jeune diplômé, au même titre que toutes les activités associatives”, ajoute Adrien Ducluzeau, fondateur du cabinet de recrutement La Relève. “En plus, si le recruteur a été scout, ça fait déjà un super point commun !” C’est notamment ce qui s’est passé pour Clément Lesure, membre des Scouts et Guides de France, lors d’un entretien de recrutement pour un poste en banque. “Nous avons parlé des scouts pendant une bonne partie de l’entretien” et manifestement, cela a bien marché puisqu’il a été embauché !

Reste que comme toutes les expériences, il ne faut l’indiquer sur son CV que si l’on se sent capable d’en parler en entretien. Si vous avez été scout un an en 1999, cela ne vaut probablement pas le coup de le mentionner.

Adapter son discours
“En entretien, mon conseil c’est de présenter d’abord son engagement bénévole (qu’est-ce que vous faites concrètement au sein du mouvement) puis d’expliquer ensuite ce qu’est le scoutisme et enfin de détailler les compétences que cela vous a permis de développer”, précise Jonathan Vanhalst, équipier national chez les Scouts et Guides de France qui travaille justement sur la valorisation des compétences des adultes bénévoles (chefs, cheftaines, etc).

Il est aussi essentiel de bien adapter son discours et son vocabulaire au recruteur en face de vous. Quel est son niveau de connaissance du scoutisme ? Et son positionnement ? Et comme pour n’importe quel candidat, il faut surtout bien sélectionner ses exemples pour coller au poste convoité.

Les compétences développées à travers le scoutisme et utiles dans le monde professionnel sont multiples. Habitués à vivre dans la nature, à fabriquer des objets, à s’orienter et à créer des jeux et des veillées, les scouts sont souvent très autonomes, débrouillards et créatifs. Ils ont aussi régulièrement l’occasion de prendre la parole en public, et sont donc plus à l’aise dans ce domaine.

Les scouts, guides, éclaireurs et éclaireuses ont aussi souvent un sens des responsabilités développé et une bonne capacité à travailler en groupe. Dès leur plus jeune âge, les enfants sont répartis en équipe et apprennent ainsi à vivre en collectivité et à collaborer : les plus grands veillant sur les plus petits.

Les bases du management
Des aptitudes qui sont encore plus poussées chez les jeunes adultes bénévoles (chefs et cheftaines). A peine majeurs, ils ont la responsabilité de plusieurs dizaines d’enfants et de jeunes, pendant des après-midis, des weekends et plusieurs semaines de camps l’été. Là aussi, ils doivent fonctionner en équipe avec les autres chefs bénévoles pour organiser et encadrer les activités. Une première expérience qui permet vraiment de découvrir de manière concrète les bases du management.

Le scoutisme offre aussi aux jeunes adultes bénévoles une occasion exceptionnelle pour faire de la gestion de projet de A à Z. En organisant un weekend ou un camp, les chefs et cheftaines apprennent la planification, la gestion administrative et budgétaire, etc. Autant de compétences très recherchées aujourd’hui dans le monde du travail, bien au-delà du monde de l’animation, friands de profils scouts.

 

Association ou syndicat : les étudiants engagés réussissent mieux
Laetitia Couturier, 21 ans, en sait quelque chose. Elle vient de décrocher un stage dans le cadre de son cursus d’ingénieure en mettant justement en avant son expérience de responsable d’unité scoute. “J’ai expliqué que j’avais pu découvrir les bases du management, apprendre à travailler en équipe et réaliser des projets en autonomie en France comme à l’étranger. Grâce à cet univers, j’ai aussi pu me construire, car j’ai eu l’occasion de débattre sur des sujets d’actualité et de prendre des responsabilités. Bref, que des bonnes choses, très formatrices pour être ensuite une citoyenne active, capable de s’adapter et ayant déjà une bonne expérience dans le relationnel et la gestion de projets”.

Le réseau scout
Il y a aujourd’hui environ 185.000 scouts, guides, éclaireurs et éclaireuses en France, répartis entre une dizaine de mouvements différents. Un réseau important donc, qui est surtout mobilisable à l’échelon local d’une ville ou d’un groupe. Quand on est chef ou cheftaine, il est assez simple de solliciter les parents des enfants et des jeunes que l’on encadre pour trouver un petit boulot, un stage ou un job. C’est ce qui est arrivé à Hugo, bénévole chez les Scouts et Guides de France. “Mon sérieux dans mes projets scouts a convaincu une ex-responsable de groupe de me recruter en alternance. Aujourd’hui, je suis chargé de communication pour son entreprise”.

Chez les Eclaireurs et Eclaireuses Unionistes de France, on a poussé la logique encore plus loin grâce à une plateforme créée par le mouvement où tous les adhérents et anciens adhérents peuvent se créer un compte pour poster ou consulter des offres de stages et d’emplois. “On a aussi une vingtaine de partenaires qui postent des annonces sur ce site, en particulier des organismes qui travaillent dans l’Économie Sociale et Solidaire (ESS)”, explique Maxime Jean, responsable développement et bénévoles.

 

“J’ai choisi de bosser dans le social business”
L’intérêt des entreprises de l’ESS pour les profils scouts est logique : les deux mouvements partagent les mêmes valeurs (citoyenneté, écologie, solidarité, etc). Maxime Jean remarque d’ailleurs que de nombreux scouts montent leur entreprise dans ce secteur-là. “Le scoutisme forme des citoyens, pas des managers ou des entrepreneurs. Mais si nos bénévoles peuvent en plus développer des compétences utiles dans leur vie professionnelle, c’est super”, conclut-il.

Source: Les Echos  – Clémence Boyer

Photo : Remi You

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