L’appel à donner vie à une « Eglise présentant un visage amazonien » représente un grand défi qui s’ouvre après l’invitation faite par le Pape François à « explorer des parcours, des expressions et des processus qui aident à construire et à structurer un modèle d’Eglise pleinement catholique et pleinement amazonienne ». C’est ce qu’affirme Mauricio López, laïc ignacien et Secrétaire exécutif du Réseau ecclésial pan-amazonien (REPAM) et de la Caritas Equateur, dans un entretien diffusé par Iglesia Viva, parvenu à Fides. Pour la construction de cette Eglise au visage amazonien, Mauricio López estime nécessaire que « les membres de la société amazonienne puissent être formés suivant leur réalité propre, leur identité culturelle, leurs pratiques… qu’ils puissent insérer, par exemple, à l’intérieur des liturgies, des signes cohérents et proches de leurs réalités ».
Le 15 octobre, lors de l’Angelus, le Pape François a annoncé la convocation d’une Assemblée spéciale du Synode des Evêques pour la région pan-amazonienne qui se tiendra à Rome au mois d’octobre 2019, « afin d’identifier de nouvelles routes pour l’Evangélisation de cette portion du Peuple de Dieu, en particulier des indigènes, souvent oubliés et sans une perspective d’un avenir serein, notamment à cause de la crise de la forêt amazonienne, poumon d’importance capitale pour notre planète ».
Mauricio López rappelle que « déjà le Concile Vatican II nous a demandé de rechercher les semina verbis présents dans l’ensemble des cultures précédant l’arrivée du Christianisme. Là se trouve la semence de la Parole ». Par exemple, au Chiapas (Mexique), l’ensemble des us et coutumes de la communauté sont respectés et les diacres permanents reçoivent la formation en couple. L’homme reçoit en effet le ministère mais son épouse en accompagne l’exercice. En outre, la Bible a été traduite en langues tzeltal et tzotzil (voir Fides 14/10/2015), non de manière littérale mais avec des adaptations à la culture locale, le texte étant approuvé et remis au Saint-Père.
Comme l’a mis en évidence le Pape François en personne, l’Amazonie a une importance capitale pour l’ensemble de la planète et Mauricio López souligne que « un verre d’eau sur cinq bu par quiconque sur la planète est dû à l’Amazonie et 20% de l’eau non congelée destinée à la consommation humaine sont produits en Amazonie, tout comme 25% de l’oxygène : une respiration ou deux sur cinq que nous faisons, nous les devons à l’Amazonie ».
Nos décisions en matière de consommation produisent actuellement la dévastation des forêts – poursuit-il. Elles effacent les territoires ancestraux des indigènes à cause du désir d’extraction minière. La monoculture est imposée pour répondre aux besoins de la consommation mondiale. Si nous ne modifions pas le modèle de développement, l’Amazonie finira par devenir un espace semi désertique et l’impact sur la planète sera terrible.
« Répondre à une crise sociale et environnementale, la question du soin de la Création ou de l’Amazonie ou de tout autre espace vital ont à voir avec les générations futures » réaffirme Mauricio López et indépendamment de l’idéologie politique et du credo religieux, chacun d’entre nous a la responsabilité des générations suivantes. Enfin, le Secrétaire exécutif du Réseau ecclésial pan-amazonien invite à approfondir l’Encyclique Laudato Si, à rechercher d’influencer les politiques publiques, à défendre et à protéger les espaces naturels, les terres indigènes et à être conscients que « ce que nous ne faisons pas maintenant aura un impact sur ceux qui viendront après nous ».