FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Auteur de L’Évangile à cœur ouvert (Robert Laffont, 2018), le Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine déplore la baisse du sentiment religieux et rappelle que le message du Christ est toujours d’actualité.
Le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine est prédicateur, écrivain, compositeur et chanteur. Il vient de publier L’Évangile à cœur ouvert (Robert Laffont, 2018) et donnera un récital de chanson au théâtre de l’Athénée Louis-Jouvet le 19 janvier 2019.
FIGAROVOX.- Alors que la croyance religieuse recule dans notre pays, vous invitez au contraire le lecteur à (re)lire les Évangiles?
Michel-Marie ZANOTTI-SORKINE.- Bien évidemment! Car en France le laïcisme ambiant, prenant le pas sur la saine laïcité, devient une véritable religion d’État, imprégnant de plus en plus la société française, conduisant l’esprit humain à prendre ses distances avec le christianisme, le jugeant obsolète, ringard, tout juste bon pour des enfants sages. Qui connaît aujourd’hui en profondeur le Christ, les gestes qu’il a posés, les paroles qu’il a prononcées, les colères qu’il a éprouvées en présence des prétendus justes ; les corrections qu’il a données aux esprits étroits, sa conception de l’homme, sa vision de la vie et du bonheur humain? Que d’a priori, de jugements péremptoires jaillissent aujourd’hui un peu partout au sujet de la foi chrétienne et de l’Église qui la transmet, fondés sur une méconnaissance du texte sacré et une sorte d’amnésie collective à l’égard de l’œuvre du Christ. De tous côtés, y compris chez les élites, c’est la méprise, et pire encore, l’indifférence. Mais quel dommage! Il faut donc revenir à l’Évangile et se rappeler (sans honte!) qu’il structure encore la pensée et l’agir de plus d’un milliard d’hommes. Que cela plaise ou non, les paroles du Christ sont des joyaux destinés à embellir le cœur en le rendant infiniment humain!
En outre, toutes les valeurs auxquelles les êtres sensés tiennent (amour, amitié, bonté, partage, joie, douceur, indulgence, don de soi, audace, courage, héroïsme…) sont issues de l’Évangile, et ô combien promues par le Christ. Ouvrons donc les yeux et mettons le feu aux préjugés stupides!
«Ce que je veux est plus important que ce qui est», faites-vous dire à l’homme contemporain. Sommes-nous de plus en plus capricieux?
Il est en tout cas très certain que nous ne sommes plus guère patients! Vouloir le meilleur est légitime, mais le poursuivre coûte que coûte, au risque d’abîmer le bien qui est déjà là, est souvent risqué. On voit toujours en nos vies ce qui manque, mais on ne voit plus ce qui déjà nous réjouit… Ce que nous désirons, nous le voulons… tout de suite! Rien ne doit nous résister ; rien ne doit nous échapper. Volontiers nous proclamons haut et fort que nous avons des droits ici-bas qui désormais doivent se confondre avec nos soifs! Il faut donc faire craquer le réel ; celui-ci, il n’a plus le droit de nous jouer de sales tours! Nous sommes devenus les propriétaires, les détenteurs de la vie, et non plus ses serviteurs! Heureusement que la mort est là et qu’on ne peut pas l’éloigner! Et pourtant si vous saviez comme cela me fait mal de dire cela! Je hais la mort, cependant elle demeure la seule et dernière réalité sur laquelle nous n’avons pas la main! Et j’oserais dire: tant mieux… On peut certes la faire reculer, on peut se rebeller contre elle, mais elle nous commande encore… Et elle devrait nous faire comprendre que nous ne maîtrisons pas notre vie et qu’un grand mystère plane sur le vivant. En allant vers le Christ, en le regardant vivre et se mouvoir dans l’Évangile, en l’écoutant parler, on reçoit d’authentiques réponses aux énigmes de la vie. Mais croyez-moi, bon sang! L’Évangile est un livre qui travaille à notre bonheur!