Selon Reddy et Mary, du Mouvement des jeunes catholiques indiens, ceux-ci se montrent attachés à leur Église, envers et contre tout. C’est ce que révèle une enquête réalisée par le séminaire de Pune, suite au synode qui a rassemblé les évêques indiens en octobre 2017 sur « les jeunes, la foi et le discernement vocationnel ».
La plupart des jeunes chrétiens indiens se sentent fiers de leur Église, malgré les scandales d’abus sexuels et de corruption, selon une enquête réalisée par le grand séminaire de Pune, dans l’ouest de l’Inde. En revanche, près de la moitié des répondants originaires du sud du pays, où sont souvent rapportés ces scandales, affirment se sentir « embarrassés » par l’Église.
L’enquête, qui a été menée auprès de 5 300 jeunes originaires de 26 états et parlant 11 langues différentes, révèle que seulement un jeune chrétien indien sur trois affirme avoir trouvé un but dans la vie. Tandis qu’un tiers des répondants estime avoir peu de perspectives d’avenir, le dernier tiers ayant répondu se sentant moyennement satisfait sur cette question.
Les étudiants en philosophie du séminaire Jnana-Deepa Vidyapeeth de Pune ont organisé cette enquête sous la responsabilité du père jésuite Dinesh Braganza et du père Shiju Joseph, de la congrégation de la Sainte-Croix, tout deux appartenant au département des sciences sociales du séminaire. Le père Braganza explique que les étudiants ont lancé cette enquête suite au thème du synode ordinaire des évêques indiens, qui a eu lieu en octobre : « Les jeunes, la foi et le discernement vocationnel. » L’enquête a été menée par 94 étudiants en philosophie auprès de 2 933 jeunes indiens ; 2 353 autres jeunes ont également participé à l’enquête en ligne. La grande majorité des répondants (93 %) sont catholiques.
L’enquête révèle que l’éducation semble jouer un rôle fondamental pour permettre aux jeunes de se réaliser et trouver un sens à leur vie. « Mais malheureusement, même en ayant reçu une excellente éducation, un quart des répondants estime avoir peu de perspectives dans la vie. C’est quelque chose que l’Église doit prendre en compte absolument », conclut l’enquête, lancée le 8 mars. Par ailleurs, environ 78 % des jeunes au chômage affirment trouver peu de sens à leur vie ou se sentent insatisfaits. Une tendance qui semble se confirmer avec l’âge : 40 % des plus de trente ans déclarent en effet trouver peu de sens à leur vie.
« Ils sentent que l’Église a confiance en eux
Les principales raisons à cela, selon l’enquête, seraient la mise à l’écart de la société et de mauvaises relations avec l’Église et avec leur famille. Les jeunes, pourtant, se reconnaissent dans leur Église et se sentent écoutés. Selon eux, l’Église en Inde devrait se concentrer sur la progression spirituelle, le travail social et la formation de la foi. La majorité des jeunes répondants (80 %) sentent que l’Église a confiance en eux et qu’elle n’hésite pas à les solliciter dans ses décisions. « Ce sentiment est le meilleur indicateur de l’enquête, qui révèle que les jeunes se sentent fiers d’appartenir à l’Église », estiment les directeurs de l’enquête.
Les jeunes, selon l’enquête, considèrent également que les principaux problèmes auxquels fait face l’Église aujourd’hui sont les scandales financiers et sexuels et la perte de la foi. Les résultats de l’enquête concluent que l’Église devrait profiter de l’enseignement catholique pour aider les jeunes à trouver un sens à leur vie, et à les guider pour qu’en développant leurs talents, ils puissent trouver un emploi.
« Vu que les principales craintes et préoccupations des jeunes sont liées au succès de leur carrière, des programmes répondant à ces besoins semblent le meilleur moyen de créer de solides relations avec l’Église », affirme le rapport de l’enquête. Cependant, une source d’embarras souvent rencontrée provient de « l’inégalité entre le clergé et les laïcs », juste après celui provoqué par les scandales sexuels et financiers. « Les Églises locales doivent répondre à ces inquiétudes avec force, car elles empêchent ces jeunes de s’identifier vraiment à l’Église », selon l’enquête.
« Je suis fier de mon Église et je le resterai, quoi qu’il arrive », assure Reddy, vice-président du mouvement des jeunes catholiques indiens (Indian catholic youth movement). Mary Margaret, secrétaire générale du mouvement à Calcutta, affirme que la plupart des jeunes comme elles considèrent que ces scandales dans l’Église représentent « un test pour notre foi catholique ». Pour elle, les jeunes indiens font face à des épreuves difficiles, en grande partie liées à l’éducation et au chômage, et l’Église devrait les aider à les dépasser ensemble.